Chronique d’un voyage en Chine : aux sources du Daoïsme partie 1
Difficile de mettre des mots sur ce premier voyage en Chine organisé par l’Atelier Qiétude ! Nous avons eu la chance d’être guidés de main de maître par Emmanuel Agletiner, un ami de longue date, qui a excellé tant dans sa maîtrise de la langue que par sa connaissance de la culture chinoise. Notre joyeuse équipe s’est faufilée telle un joyeux dragon au sein de la foule, sans effort et avec un ravissement de chaque instant.
Des montagnes majestueuses du San Qin jusqu’à Shanghai la ville du futur, sans oublier une rencontre mémorable avec le prêtre Dan Zong Yi, on peut sans hésiter parler d’une réussite. C’est avec nostalgie et satisfaction que nous partageons avec vous cette aventure au coeur d’une Chine encore préservée…
Récit par Maëlla Caro & photos de Mohammed Saïah.
Le séjour en Chine « Aux sources du Daoïsme » au jour le jour
Notre voyage débute au départ d’Orly le samedi 2 avril et après 12 h d’avion et nous voici à l’autre bout de la terre !
Shanghaï, sous la pluie et le vent, prend des airs de Bretagne, nous ne sommes même pas dépaysés, mais juste bien déphasés. Notre minibus nous attend pour continuer notre voyage. 8 h de route dans le crachin et la nuit. Les premiers paysages chinois sont en noir et blanc. Villes dortoirs tentaculaires, centrales nucléaires et lignes à haute tension, nous sommes bien dans la Chine d’aujourd’hui, ce que nous confirment les nombreux camions transportant les containers à destination de l’Occident. Et oui, l’usine du monde n’est pas qu’une image.
Premier repas dans un « routier chinois » en bord d’autoroute, et crevaison. Pas de pneu à la station, mais qu’à cela ne tienne, une commande en pleine nuit, qui nous sera livrée 20 mn plus tard, et nous voilà repartis !
Le voyage s’éternise, notre chauffeur commence à donner des signes de fatigue. Heureusement Elodie, notre « saltimbanque » nous entraîne à chanter…
« Vent frais, vent du matin, vent qui souffle au sommet de grands pins… »
La récompense est au bout du chemin, sortie d’autoroute et nous voici soudain plongés dans les bois et les collines. L’hôtel Huzhong Ju (le pavillon au milieu du lac) nous attend, mystérieux dans la nuit. Et nous nous blottissons bientôt dans les lits luxueux de cet hôtel de rêve…

Lundi 4 avril : la récompense est au bout de la route !
Ouvrir les yeux sur un lac tranquille, quelques pagodes entre les forêts de bambous et les plantations de thé…nous voici revenus plusieurs siècles en arrière. Oublié le noir et blanc de la nuit, nous nous réveillons en Technicolor. Éclosion des rhododendrons, pousses vertes du printemps et chant des oiseaux…
Ce parc merveilleux accueille notre première pratique. Dao Yin et posture (Zhan Zhuang), nous rechargeons les batteries après ce long voyage…et nous créons bien sûr l’événement : mais d’ou sortent-ils, ces étrangers ? Des enfants se joignent à nous, et nous nous faisons bien sûr tirer le portrait sous tous les angles.
Nous commençons la forme des 5 dragons de Wudang : Évocation du Dragon, sa présence dans la nature autour de nous, dans les courbes douces de ce parc vallonné, dans notre corps, soutient des transformations et métamorphoses.
Déjeuner très chinois, et spécialités de la région : poisson et pousses de bambous fraîches. L’après-midi nous passons de l’autre côté de la colline et retrouvons la civilisation : Changshan, petite ville tranquille. Nous y ferons notre première dégustation de thé : le vert, tout frais, aux accents iodés de cette récolte de printemps puis le rouge, thé fermenté et plus corsé, qui une fois l’amertume passée des premières infusions, nous offre un parfum de fleurs suaves tout à fait inattendu.



Nous partons le soir pour Sanqingshan (la montagne des Trois Purs). Route sinueuse de lacs et de montagnes, le crépuscule tombe peu à peu. Montagnes et nuages s’entrelacent, la nuit s’invite pas à pas, vision douce de calligraphe.
Mardi 5 Avril : rencontre avec l’esprit de la Montagne du San Qing
Nous nous éveillons face aux montagnes du San Qing, berceau du taoïsme, et préparons notre ascension vers le sommet. La » route du ciel » commence par une longue montée en téléphérique. Construit en 2008, il permet maintenant d’accéder à ces montagnes autrefois inaccessibles, sauf à quelques ermites, singes, tigres et bien sûr dragons de nuages. Nous survolons des vallées vertigineuses, à pic de granit rose, torrents bouillonnants et pentes couvertes de bambous et de rhododendrons.
Nous entamons ensuite nos 4 h de marche vers les sommets. Si vous avez vu le film Avatar, vous aurez une idée des paysages que nous découvrons aujourd’hui.
Les sentiers et escaliers sont tous neufs, construits à flan de montagne, et nous offrent des visions époustouflantes : enfilades de montagnes effilochées de nuages. Tout au long de la journée, les San Qing se dévoilent et se cachent, nous attendons parfois de longs moments pour soudain entrevoir des rocs géants aux formes d’animaux mythiques. L’apogée sera un gigantesque Bouddha en méditation, dominant des vallées sans fond. Escaliers vertigineux, pentes radicales, certains se confrontent au vertige et peinent vers les sommets…mais tous s’accrochent, la route vers le ciel se mérite.
Une terrasse abritée…c’est le moment parfait pour pratiquer les 5 dragons de la tradition Longmen. Et soudain, instant magique, les écureuils sont autour de nous, les oiseaux chantent au-dessus de notre tête, la montagne nous accueille en son sein. En fin de journée, nous découvrons un petit salon de thé sur une terrasse dans les nuages. Et une jeune chinoise magnifique nous offre alors un Gong Fu Cha (cérémonie du thé) délicieux. Nous goûtons à la récolte de printemps du thé sauvage des montagnes…
Le temps se suspend dans ces montagnes sacrées, et chacun goûte à son rythme ces instants bénis. Nous redescendons bien conscients de la chance infinie qui nous a été offerte d’avoir pu aujourd’hui être initiés par les San Qing, les trois purs de la tradition taoïste. Nous redescendons un peu courbaturés, et ivres de cette beauté mystique.
De retour dans le village en bas de la montagne un grand Ba Gua a été construit. Nous y terminons notre journée par une pratique, en cercle autour de cet immense Tai Ji Tu.
Cette journée très particulière restera gravée dans nos coeurs, avec le sentiment d’avoir été si privilégiés de pouvoir goûter à la grande sérénité de ce lieu, berceau des pratiques qui nous animent tous. Il est bon de préciser qu’à notre arrivée dans le village des montagnes du San Qing il pleuvait abondamment et qu’à notre grande surprise et celle des locaux qui nous disaient « vous avez vraiment de la chance », celle-ci s’est arrêtée durant toute notre visite des montagnes et à repris de plus belle après notre retour au village. Le Dragon nous a bien protégé tout au long du trajet à n’en pas douter !
Mercredi 6 avril : arrivée au monastère de Huang Daxian
Nous repartons aujourd’hui vers Jinhua, une petite ville de province de 5 millions d’habitants. Autoroute et morne plaine. Nous croisons des maraîchages, beaucoup d’usines, et aussi de grandes étendues d’eau où flottent de nombreuses bouteilles de plastiques, alignées au cordeau. Il s’agit de la culture des perles d’eau douce, qui croissent tranquillement dans des huîtres à l’abri de leur bouteille.
Cette région abrite aussi des plantations d’arbres et de bonsaïs géants, qui s’étendent à perte de vue de chaque côté de la route. Ceux-ci permettront de construire des parcs autour des villes nouvelles, aux arbres déjà grands !
Nous arrivons en début d’après midi au monastère de Huang Daxian, un lieu de culte taoïste dédié à l’immortel du « Pin rouge » Chisongzi. Dans la tradition taoïste, un immortel est un être réalisé, qui a atteint un niveau supérieur d’éveil. L’équivalent d’un saint dans notre tradition occidentale. Les fidèles viennent lui rendre hommage et lui demander de l’aide. Les offrandes permettant en partie aux moines de survivre. Niché en haut d’une montagne, entouré de forêts et d’herbes sauvages, le cri des poules et des paons alternent avec les gongs et cymbales des offices. Calme et sérénité de ce lieu nous rechargent après la route.



Le monastère nous a préparé notre déjeuner végétarien, et nous sommes affamés. Voici arriver sur la table tournante poissons, crevettes, poulet, saucisses et bien sûr de multiples légumes sautés. Végétarien disiez-vous ? Nous découvrons avec stupéfaction que tous ces mets ne sont que …pâte de soja, moulée et assaisonnée. C’est délicieux et très étonnant.
Visite des lieux. Le monastère s’étale sur tout un pan de montagne. La pagode principale sur son esplanade domine la vallée, un immense lac/barrage et les montagnes environnantes. Les prêtres y animent les offices, chantant et jouant de bols et percussions, toge bleue ciel et toque noire, dans les volutes d’encens.
Plus loin, une petite pagode fume par toutes ses ouvertures. C’est un « four à offrandes » où les fidèles viennent jeter fagots de bâtonnets d’encens et prières en papier. Des rangées de statues à tête d’animaux, les 12 animaux de l’astrologie chinoise, enrubannés de rouge, offrandes là aussi des fidèles. Puis nous nous enfonçons dans les bois, et apercevons, cachées des regards, les résidences des moines.
Le soir nous descendons en ville et goûtons une délicieuse et conviviale fondue chinoise. Une grande marmite emplie de bouillon odorant occupe le centre de la table. Puis nous y plongeons légumes, pâtes et tofu. Nous terminons par un massage Tui Na An Mo bien mérité, le massage traditionnel chinois par acupression et un massage des pieds.…
La suite de notre chronique pour la rentrée 2016–2017 avec les enseignements des différents maîtres daoïstes du temple entre autre…

Séjour culturel en Chine : l’exploration de la Chine hors des sentiers battus !
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