La symbolique de la lune
La lune fascine…depuis la nuit des temps. Et les humains lui vouent un culte bien antérieur à celui du soleil. Son aspect changeant, son lien avec les saisons et sa concordance avec le cycle féminin en font un symbole très puissant dans toutes les sociétés traditionnelles. Elle est associée aux forces de la nature, vénérée dans une grotte ou un jardin, symbolisée par une stèle, un cône, une sphère ou un croissant, et souvent associée à des animaux lunaires comme la colombe, la chouette, l’ourse, la gente ailée en général ou le lapin, le lièvre et le serpent. Tour à tour mort et renaissance, elle incarne ainsi l’aspect cyclique des forces de la vie.
La lune, puissance de vie
Force qui fertilise et fait croître, elle permet aux plantes de pousser et aux êtres de se reproduire. Elle génère l’humidité qui fait croître les végétaux ; le soleil étant plutôt vu comme asséchant et destructeur. Dans les sociétés traditionnelles, du Groenland au Niger, en passant par les maoris, la grossesse n’était pas due à l’homme mais au pouvoir de la lune, l’homme ne servant alors qu’à « ouvrir le passage » au rayon de lune. Gare alors au clair de lune si l’on ne voulait pas d’enfant ! Quant à la sage femme, elle devait non seulement aider la femme à accoucher, mais avant tout faire des offrandes à la lune.
Et jusqu’à aujourd’hui, le clair de lune ne reste-t-il pas le lieu de prédilection des amoureux ?
La lune, gardienne du temps
Par son rythme alternant croissance et décroissance, la lune représente aussi l’écoulement du temps. Or, avec le début de l’agriculture vint le besoin de pouvoir programmer et organiser les cultures, en les calant sur le rythme de cette puissance fertilisante. Les premiers calendriers furent donc lunaires et le rôle du chef ou du roi était alors de surveiller la lune et d’organiser les cultures. La croissance de la lune étant vouée aux plantations et la décroissance aux récoltes. La lune est alors associée à un dieu masculin, organisateur, comme Hur chez les chaldéens ou Sin, dieu de Babylone.
La déesse mère et le lien terre-lune
Dans de nombreuses cultures, la lune et la terre sont étroitement associées, la lune est un morceau de la terre, ou bien la terre est la fille de la lune. En chinois, le trigramme Kan symbolise à la fois la terre, la lune, et la femme. Il représente le principe féminin Yin, manifesté chez la femme (le double trait signifie le Yin, le simple trait le Yang), alors qu’il est caché chez l’homme (trigramme Li : le feu.)
La lune apparaît alors dans toutes les cultures comme la mère céleste génitrice de tous les êtres, alors que la terre est la mère terrestre permettant la matérialisation de la forme. Ishtar, Astarté, Isis, Cybèle, Déméter, Anahita, Aphrodite, ont incarné cette puissance féminine. Et dans notre culture, la vierge Marie prolonge cette lignée des déesses mères : les vierges médiévales étaient représentées sur une lune, et on nommait alors Marie « lune de l’église » ou « lune spirituelle »… Dans les sociétés matriarcales, la lune était d’ailleurs alors associée aux femmes célibataires, libres de suivre leurs désirs. Shing Moo, la grande déesse mère chinoise est ainsi la déesse des courtisanes.
La lune et les lunes
Le cycle des femmes suit le cycle lunaire, et dans de nombreuses cultures, règles et lunes sont désignées par le même mot. Parce que l’écoulement du sang est ambigu (symbole de mort et de blessure, mais aussi de renaissance et de fertilité), il est souvent tabou, et la période des règles est vécue dans le retrait et l’isolement. Aujourd’hui encore, les règles sont souvent cachées, ou mal vécues par les femmes, qui cherchent à vivre sans les prendre en compte, voire en les supprimant avec des traitements hormonaux. Pourtant, les règles sont très importantes pour les femmes, car elles permettent de nettoyer le corps, notamment de ses toxines émotionnelles.
Le cycle féminin et le mouvement du Yin et du Yang
Le cycle lunaire peut être symbolisé par la croissance et décroissance du Yin et du Yang dans ses 4 phases élémentaires :
Premier croissant : Shao Yang (croissance du Yang) ou « phase de la vierge ». C’est la phase pré-ovulatoire, ou l’énergie du Bois. L’énergie de la femme croît, dynamisme et créativité sont les maîtres mots, et c’est un bon moment pour entreprendre de nouveaux projets.
Pleine lune : Tai Yang (apogée du Yang) ou « phase de la mère » C’est la phase ovulatoire, ou l’énergie du Feu. Pour la femme, c’est une période tournée vers les autres, vers le partage. Un bon moment pour nourrir et soutenir l’existant, assumer ses responsabilités, ou aboutir ses projets.
Dernier croissant : Shao Yin ou « phase de l’enchanteresse ». C’est la phase post-ovulatoire, correspondant à l’élément Métal. Quand l’œuf n’est pas fécondé, l’énergie mobilisée va alors pouvoir être récupérée vers les besoins personnels, pour une sexualité libérée, une créativité débridée.
Nouvelle lune (lune noire) : Tai Yin ou « phase de la sorcière ». Cette phase la plus Yin, qui est aussi celle des règles, correspond à l’élément Eau. Il y a retour de l’énergie vers l’intérieur. La femme peut sentir une intensification de son intuition, un accès facilité au monde des rêves, aux forces de l’invisible. C’est un moment idéal pour l’introspection, prendre du recul et être “dans la lune”, pour accéder à son monde intérieur.
Il est aussi intéressant de noter que, même lorsque la ménopause est installée, les femmes gardent ce lien privilégié avec le rythme de la lune, mais d’une façon plus intériorisée, qui leur permet de garder une connexion plus spirituelle avec les aspects cycliques du féminin.
Les mouvements de l’énergie en lien avec le cycle de la lune
Quand la lune est dans sa phase la plus Yang (pleine lune), notre essence (Jing) est aspirée vers le haut dans le canal central (Chong Mai). Ceci expliquant qu’on soit alors en pleine ébullition, créative, voire franchement irritable ou insomniaque.
Dans la phase de lune noire ou nouvelle lune, phase la plus Yin, le Jing redescend vers l’utérus, pour déclencher les règles. La femme peut alors se sentir plus fatiguée voire déprimée. Il est intéressant de pratiquer le Qi Gong pour la femme en tenant compte de ces différences énergétiques, pour soutenir les marées énergétiques à l’intérieur du corps. Ceci permet d’équilibrer le Chong Mai, méridien extraordinaire dit « Vaisseau de carrefour », ou « mère du sang » qui joue un rôle primordial dans la sphère gynécologique.
Harmoniser son énergie féminine
Dans les campagnes, où les femmes restent encore connectées à la nature, leur cycle coïncide plus naturellement avec celui de la lune. Dans les villes, ou ce lien avec les forces naturelles est distendu, les déséquilibres hormonaux peuvent s’installer, au risque d’être « mal lunée ».
Se reconnecter à la lune, pratiquer la méditation et le Qi Gong la nuit en absorbant la lumière lunaire peuvent aider les femmes à retrouver leur vitalité et leur équilibre. C’est aussi un moyen naturel pour soutenir la fertilité, et réguler le cycle menstruel.
Alors…bonne pratique au clair de lune.
Maëlla Caro
Pour aller plus loin :
- Méditation à la lune par Maëlla Caro
- Retraite 2019 à venir : La force du Yin
Bibliographie
- « Lune rouge, Les forces du cycle féminin » de Miranda Gray aux éditions Broché.
- « Les mystères de la femme » par Esther Harding. Petite bibliothèque Payot.
Mohammed Saïah
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