Sun Bu’er naquit en 1119, sous le nom de Sun Fuchun, dans une famille aisée de propriétaires terriens et reçut une éducation littéraire. Elle vécut dans la ville de Shandong, épousa Ma Yu dont elle eut 3 fils.
A la suite de leur rencontre avec Wang Chongyang en 1167, fondateur du Quanzhen (lignée princpale daoïste de la Complète Réalité), son mari suivit ce maître et embrassa une vie spirituelle.
La légende de Sun bu’er
La légende raconte que Sun Bu’er fut d’abord bien récalcitrante à cette idée, et refusa 10 fois de les suivre, avant de finalement les rejoindre 3 ans plus tard à Jingzhao (Xi’an, Shanxi). Elle divorça alors de son mari, et renonça à la vie laïque pour entrer dans cette communauté d’ermites pratiquant le Neidan, l’alchimie interne et la quête de l’immortalité. On y pratiquait en solitaire la méditation, la purification de la conscience et le raffinement des 3 trésors (San Bao). Elle y reçut alors son nom d’initiée : Sun Bu’er (Non Duel).
Différents textes racontent sa vie, écrits longtemps après sa mort, ils entremêlent faits historiques et légendes autour de ce personnage hors du commun.
En effet, elle ne resta pas dans cette première communauté, mais décida de rejoindre un autre maître taoïste (l’immortelle Feng, une ermite taoïste excentrique). En réponse aux réserves prudentes de Wang Chongyang qui cherchait à l’en dissuader (cette belle femme serait surement attaquée en chemin…) elle se serait renversé de l’huile bouillante sur le visage, détruisant ainsi sa beauté, pour voyager tranquille… Elle parcourut 1000 lieues, affrontant froid et durs chemins, pour rejoindre Luoyang et la caverne de l’immortelle Feng. Suivit-elle ses enseignements ou bien vécut-elle simplement dans ce lieu ? Les légendes diffèrent à ce sujet. Elle y résida en tout cas jusqu’à sa mort, attira des disciples et une communauté de femmes s’installa peu à peu autour d’elle.
Sa mort est aussi racontée par la légende : par une nuit de pleine lune, ayant annoncé à l’avance la date de son départ, elle conclut sa vie de mortelle assise en lotus en récitant un poème. Elle réalisa ainsi sa transformation spirituelle, atteignit l’éveil, et entra dans la légende des immortels.
L’oeuvre de Sun Bu’er
Elle fut reconnue comme faisant partie des 7 premiers disciples de Wang, devenus immortels.
Une série de poèmes lui sont attribués et sont parvenus jusqu’à nous, compilés dans le Minghe Yuyin au 14ème siècle. Ils nous parlent de la pratique spirituelle et sont imprégnés des principes du Neidan. Il ne font pas référence à des pratiques spécifiques pour les femmes, mais ils mettent en lumière les pratiques communes de l’alchimie, et parlent également des rythmes de la nature. De nombreux autres textes, apparus plus tard au 17 et 18ème siècles lui sont également attribués, cette fois-ci par transmission miraculeuse et parlent d’alchimie féminine (Nüdan)
Elle est entrée dans le panthéon daoïste, devenant une déesse primordiale, objet de dévotion et symbole de la pratique alchimique au féminin.
Pour aller plus loin
Cet article de Maëlla Caro est une introduction à son prochain stage d’été 2017 autour de méthodes héritées de la tradition taoïste féminine.