Yang Sheng
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La relaxation chinoise pour mieux gérer le stress : Fang Song Gong

Un petit chat gris dort en souriant.
Écrit par
Mohammed Saïah
Mohammed Saïah
Publié le
July 23, 2025

Habi­tuel­le­ment, lorsque l’on parle de relaxa­tion en Occident, on fait réfé­rence à un état de repos sans ten­sion. Cet état se rap­pro­chant presque du som­meil ou d’un état léthar­gique. Dans la vision chi­noise, le mot « relâ­cher » Song 松 implique des notions plus sub­tiles. 

C’est un état dans lequel on est effec­ti­ve­ment déten­du, où les effets du stress sont mini­mi­sés voire éli­mi­nés, mais c’est éga­le­ment un état de vigi­lance et d’at­ten­tion : à l’i­mage d’un chat qui semble dor­mir, mais est tou­jours prêt à bondir.

La relaxation dans la tradition chinoise : Song

Littéralement, Song 松 veut dire :

  • relâ­ché
  • se relâ­cher
  • se relaxer

Donc, pour être relaxé, il faut (re) lâcher vers le bas nos ten­sions et blo­cages. En effet, la phase pré­li­mi­naire consiste à lais­ser des­cendre vers le bas les ten­sions, puis à dila­ter celles-ci vers l’ex­té­rieur. On a ain­si 2 actions de relâ­che­ment pour avoir une relaxa­tion profonde :

  • vers le bas
  • vers l’ex­té­rieur

On peut mieux com­prendre éga­le­ment la réfé­rence à l’élé­ment bois (le carac­tère Song dans sa ver­sion moderne vou­lant dire pin). La relaxa­tion serait donc une pos­ture à l’i­mage d’un arbre, pro­fon­dé­ment enra­ci­né, ses branches sus­pen­dues vers le bas (pou­vant, par exemple,  sup­por­ter le poids de la neige sans se défor­mer). Si le poids de la neige devait aug­men­ter, il suf­fi­rait à l’arbre de s’ef­fa­cer, donc de se relâ­cher, pour lais­ser tom­ber celle-ci vers le sol.

sapins enneigés
Le poids de la neige fait descendre les branches.

Le pin sym­bo­lise le tra­jet de la relaxation : des­cente & expansion.

La 2ᵉ notion, simi­laire, est induite par le carac­tère ancien de Song 鬆 qui évoque une longue che­ve­lure 髟. À l’i­mage de celle-ci, le che­veu est enra­ci­né dans le crâne et reste dans un état de sus­pen­sion vers le bas, qui évoque à nou­veau cet état de relâ­che­ment dynamique.

En résu­mé, on fait un mini­mum d’ef­fort pour main­te­nir sa pos­ture debout ou assise, pour lais­ser des­cendre les ten­sions vers la terre. Celles-ci « fondent » petit à petit sous l’ef­fet pro­gres­sif de l’at­ten­tion (élé­ment Feu) et de la masse des tis­sus mous qui se relâchent au fur et à mesure. Le sque­lette ser­vant de sup­port : à l’i­mage d’un vête­ment (les muscles) posé sur un cintre.

Défi­ni­tion de Song

Un relâ­che­ment com­plet de toute sen­sa­tion de contrôle, contrac­tion, force ou limi­ta­tion des tis­sus et des nerfs, qui per­met de créer de l’espace, de l’ouverture et du confort.

Stress : comment le gérer avec le Qi Gong ?

Pourquoi le stress nous affecte-t-il autant ?

En un siècle, nous avons dou­blé notre espé­rance de vie et dimi­nué de moi­tié notre temps de tra­vail. Pour­tant, nous nous disons et sen­tons constam­ment débordés !

Que s’est-il pas­sé pour que nous ayons cette sen­sa­tion constante de tou­jours plus courir ?

Ce qui entraîne des désordres phy­siques et psy­cho­lo­giques que nous regrou­pons sous le terme passe-par­tout de « stress » ?

Dire que le temps s’accélère est pour­tant une absur­di­té : une jour­née fait tou­jours 24 h ! C’est l’usage qu’on en fait et donc la per­cep­tion qu’on en a qui devient différente.

Notre socié­té pri­vi­lé­gie l’action, la vitesse et la sur­en­chère, d’où l’impression que tout s’accélère.

Être ici en voulant être là !

Eck­hart Tol­lé expli­quait que “le stress est pro­vo­qué par le fait que l’on soit ici, tout en vou­lant être là”.

Or, sous l’impulsion des nou­velles tech­no­lo­gies et du zap­ping, nous mor­ce­lons de plus en plus notre temps et nos acti­vi­tés et y per­dons notre inté­gri­té. Devant la mul­ti­tude des stimuli, nous réagis­sons par une diver­si­té de tâches qui se super­posent. Ce pro­ces­sus modi­fie notre mode de pen­sée et de fonc­tion­ne­ment et génère de l’an­goisse. Nous avons de plus en plus de mal à res­ter concentrés long­temps et à appro­fon­dir nos tâches.

Quand notre voi­ture donne des signes de stress, on s’arrête et on va chez le garagiste.

Quand notre corps donne des signes de fatigue, on boit un café ; bref, on accé­lère au lieu de freiner !

Ce fait nous oblige à suivre un rythme à l’inverse du rythme natu­rel de la vie.

Un mode de vie dis­per­sant, où l’on s’est par­fois vrai­ment per­du soi-même à la fin de la jour­née. 

La vision chinoise du stress

Pour reprendre le qua­li­fi­ca­tif de la philosophie chi­noise, nous sommes tout le temps en mode “yang”, d’action, et donc de consom­ma­tion d’énergie, d’où un épui­se­ment pro­fond du sys­tème. En oubliant la face “Yin” des choses, la face cachée de l’iceberg, qui per­met de rechar­ger ses bat­te­ries et de récupérer.

Le Qi Gong s’inscrit par­fai­te­ment dans cette vision de la vie, puisqu’il nous aide à retrou­ver le rythme natu­rel en nous, fait d’alternance entre l’action et l’inaction.

Dans de nom­breux domaines appa­raît aujourd’hui le mou­ve­ment “Slow” : ralen­tir, moins consom­mer, pri­vi­lé­gier la qua­li­té à la quantité. La lenteur est une des qualités qu'on cultive dans le Qi Gong.

En culti­vant la lenteur, la présence et en har­mo­ni­sant notre souffle, nous appre­nons ainsi à agir direc­te­ment sur notre stress et à apaiser notre état émotionnel.

Le qi gong pour lutter contre le stress

Le qi gong permet de déve­lop­per nos capa­ci­tés de concen­tra­tion par l’attention por­tée au corps et au moment présent.

On ap­prend à récu­pé­rer plus rapi­de­ment et effi­ca­ce­ment grâce aux pos­tures et aux auto-massages.

En culti­vant la len­teur des gestes, on donne au corps la possibilité de trou­ver un autre rythme, plus res­pec­tueux et nourrissant pour notre corps, mais aussi notre esprit.

Par la recherche de la pos­ture juste, dans le res­pect de la force de gravité, on ap­prend également à moins stresser voire user le corps, dimi­nuant ain­si les troubles mus­cu­lo-sque­let­tiques.

L’écologie est le grand chal­lenge de ce 21ᵉ siècle. On oublie par­fois que notre pre­mier envi­ron­ne­ment, le plus proche et celui qu’on ne peut quit­ter, c’est notre propre corps… Alors protégeons-le. 

Un qi gong accessible à tous pour gérer le stress : la relaxation Fang Song Gong

La pre­mière étape consiste à relâ­cher tous les muscles du corps dans un ordre pré­cis : de haut en bas, comme une source qui cas­cade. L’ef­fet séda­tif de cette médi­ta­tion est induit par la phase de des­cente et d’ex­pan­sion qui vient du relâ­che­ment pro­gres­sif de toute la masse cor­po­relle et en par­ti­cu­lier des liquides.

On pro­cède ain­si en sui­vant 3 lignes de forces spécifiques.

Les effets de cette méthode sont remar­quables et très rapides. On constate des effets anti-stress durables et une action équi­li­brante sur le sys­tème neurovégétatif (qui régule toutes les fonc­tions indé­pen­dantes de notre volon­té : rythme car­diaque, res­pi­ra­toire, digestif…).

Relaxation Fang Song Gong : pas à pas

Il existe plu­sieurs méthodes, des plus simples aux plus éla­bo­rées, comme la dis­so­lu­tion externe de la tra­di­tion taoïste. Celle décrite ci-des­sous se nomme « La relaxa­tion sur les 3 lignes » :

En pre­mier lieu, trou­vez votre pos­ture Zhan Zhuang. On pro­cède tou­jours de haut en bas en sui­vant ces 3 lignes de force :

  • Bila­té­ral
  • Anté­rieur
  • Pos­té­rieur

Méthode de respiration Fang Song Gong

Sur l’inspiration, on porte son atten­tion sur une zone.

Sur l’expiration, on chante silen­cieu­se­ment (en option) le son “Song” 3 fois de suite en relâ­chant les ten­sions vers le bas de la zone visée.

Puis on des­cend vers la pro­chaine zone en appli­quant la même méthode.

1ʳᵉ ligne (relâ­cher les ten­sions en sui­vant ce parcours) :

  • Les 2 côtés de la tête
  • Les 2 côtés de la nuque
  • Les 2 épaules
  • Les 2 bras
  • Les 2 coudes
  • Les 2 avant-bras
  • Les 2 poignets
  • Les 2 mains
  • Les 10 doigts

Se concen­trer sur le médius pen­dant 1 à 3 minutes sans chanter.

2ᵉ ligne (relâ­cher les ten­sions en sui­vant ce parcours) :

  • Visage
  • Face anté­rieure de la nuque
  • Poi­trine
  • Abdo­men
  • Face anté­rieure des cuisses
  • Les genoux
  • Face anté­rieure des jambes
  • Dos du pied
  • 10 doigts de pied

Se concen­trer sur le gros orteil pen­dant 1 à 3 minutes sans chanter.

3ᵉ ligne (relâ­cher les ten­sions en sui­vant ce parcours) :

  • Arrière de la tête
  • Face pos­té­rieure de la nuque
  • Haut du dos
  • Bas du dos
  • Face pos­té­rieure des cuisses
  • Face pos­té­rieure des genoux
  • Mol­lets
  • Talons
  • Plante des pieds

Se concen­trer sur Yong Quan (1 Rein, dans la voute plantaire) pen­dant 1 à 3 minutes sans chanter.

Pour conclure la pra­tique, por­tez votre atten­tion sur le Dan Tian infé­rieur (3 à 4 minutes).

Répé­tez le cycle com­plet 1 à 3 fois.

Précautions à prendre

Cette méthode de relaxation chinoise fait descendre l’énergie vers le bas, et donc fait baisser la pression artérielle. Soyez très prudent si vous êtes hypotendu, très fatigué ou sujet au malaise vagal.

Dans ce cas, vous pouvez faire cette relaxation allongé.

Quelques outils de gestion du stress au quotidien

Pause oxy­gène !

Res­pi­rez ! Pour frei­ner, vous rechar­ger, vous détendre. Vous pou­vez influer sur votre rythme res­pi­ra­toire, ceci aura une influence directe sur le rythme de votre cœur. Alors, ouvrez la fenêtre, et pre­nez une dizaine de pro­fondes et lentes res­pi­ra­tions, cher­chez à bâiller, à chaque fois que vous vous sen­tez fati­gué ou en prise avec l’angoisse.

Pause relaxa­tion !

Économisez-vous. Il faut uti­li­ser vos muscles à bon escient ; c’est-à-dire le moins pos­sible ! Cher­cher au maxi­mum à être dans votre axe ver­ti­cal, afin de limi­ter les ten­sions de com­pen­sa­tion. Et déten­dez tout ce qui peut être déten­du ! Par exemple, posez vos bras sur le bureau pour relâ­cher au maxi­mum vos épaules.

Concen­tra­tion ! 

Ne faites pas plu­sieurs choses en même temps ! Finis­sez votre tâche avant de com­men­cer autre chose, pour évi­ter de vous disperser.

Micro-som­meil !

Faites des pauses. Toutes les deux heures envi­ron, pre­nez deux minutes pour ne rien faire, juste fer­mer les yeux et vous recen­trer sur vos sen­sa­tions et votre souffle. Puis faites un mou­ve­ment simple de qi gong, ou mettez-vous debout, en pre­nant conscience de votre poids et de vos appuis sur le sol.

Pause mas­sage !

Quand vous êtes fati­gué ou stres­sé, mas­sez votre visage, puis le bas du dos, et la plante de vos pieds, pour rechar­ger vos batteries : l’énergie de vos reins.

Pause silence ! 

Débran­chez toutes les son­ne­ries de temps en temps, déconnectez-vous ! Pre­nez un bain de silence…

Pause plai­sir !

Nour­ris­sez vos sens : le par­fum d’une fleur, le chant d’un oiseau, le délice d’un fruit juteux, une caresse à votre chat…

Et n’oubliez pas que votre état émo­tion­nel influe direc­te­ment sur votre niveau énergétique :

La joie est un véri­table anti-stress ; alors que la tris­tesse aug­mente votre angoisse !

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