Guide complet pour découvrir le Yang Sheng

Points essentiels

Le yang sheng est un art de santé d'origine chinoise, visant à cultiver notre force vitale, dans le respect des lois de la nature. Cet "art de nourrir la vie" dépasse l'entretien physique et inclut les aspects émotionnels et spirituels. C'est une voie de modération, s'étendant à toutes les sphères de la vie, et qui inclut les points d'acupuncture, des conseils saisonniers, les pratiques respiratoires, la relaxation et la méditation, les exercices de Dao Yin et de Qi Gong, la gestion des émotions, l'art de la sexualité et la diététique chinoise. Le Yang Sheng s'inscrit donc comme une approche globale visant à cultiver l'équilibre et l'harmonie dans tous les aspects de la vie, pour soutenir la santé et la longévité.

À la recherche de l'harmonie

Le yang sheng vise à appor­ter le sou­tien néces­saire pour culti­ver la force de vie qui som­meille en nous et autour de nous. Il est le sup­port du vivant qui per­met de trou­ver une juste place dans la nature.

Cet « art de nourrir la vie » va bien au-delà de l’entretien du corps physique, mais englobe aussi les aspects émotionnels et spirituels. Dans tous ces domaines, il s’agit de chercher l’équilibre pour stimuler la longévité.

Les origines

Vivre et vieillir en bonne santé… Vous aussi, vous en rêvez, n'est-ce pas ? 

C'est l'objectif de cet art millénaire, théorisé depuis très longtemps. On retrouve ce terme Yang Sheng dans les écrits de Zhuang Zi, dans les textes excavés à Mawangdui, dans le Suwen et surtout dans les traités de Sun Simiao (581-682 ap. J.-C.), qui écrivit beaucoup sur ce sujet, notamment sur la santé des femmes.

Le Yang Sheng est basé sur la recherche de l’harmonie avec nous-même, l’équilibre de notre corps et de notre esprit. Et ceci est intimement dépendant de nos capacités à vivre dans le respect des lois de la nature, à l’extérieur de nous (macrocosme), en résonance avec la nature à l’intérieur de nous (microcosme).

Ces lois de la nature peuvent être résumées par le rythme cyclique du Yin et du Yang (journalier, lunaire, saisonnier) et celui des 5 éléments.

Les recherches scientifiques actuelles sur la génétique, le microbiote, les processus endocriniens tendent à montrer que notre corps est capable de produire de nombreuses molécules chimiques pour nous soigner. Le Yang Sheng propose donc de stimuler et d’entretenir cette “médecine interne”.

Et pourtant, dans notre société occidentale, nous n'apprenons pas toujours à bien entretenir notre "véhicule corporel", et notre voiture est souvent plus chouchoutée que nous… 

Que signifie yang sheng ?

Dans la culture orientale, prendre soin de soi a toujours été valorisé. C'est tout l'art du yang sheng 养 生 qui est à l’o­ri­gine des arts de pré­ser­va­tion de la san­té dans la culture chinoise.

Yǎng (养) veut lit­té­ra­le­ment dire :

• édu­quer
• nour­rir
• entre­te­nir

Shēng (生) signifie :

• don­ner naissance
• naître
• vita­li­té

L’i­mage qui nous vient natu­rel­le­ment est celle d’un enfant que l’on voit naître, puis gran­dir jus­qu’à matu­ri­té. Notre san­té est à l’i­mage de cette éner­gie nais­sante « sans édu­ca­tion » ni pro­tec­tion qui aurait des dif­fi­cul­tés à prendre racine dans la vie pour s’é­pa­nouir sans un tuteur.

Cherchons avant tout à ne pas nuire, en ayant un comportement qui soutient les processus vitaux grâce aux différentes facettes de la vie quotidienne :

• le mouvement (Dao yin, Qi Gong, Tai Ji Quan, etc.)
• la respiration
• la méditation 
• le sommeil
• la diététique
• la gestion des émotions
• la sexualité

Le yang sheng dans la tradition daoïste 

Lors de notre der­nier voyage en Chine, nous avons eu l’op­por­tu­ni­té de pas­ser trois jours au monas­tère de Huáng dàxiān (黄大仙祠) et de rece­voir des ensei­gne­ments sur le yang sheng de plu­sieurs moines taoïstes, dont le prêtre Niu.

Voi­ci le résu­mé de nos entre­tiens avec lui.

Prêtre Niu (à droite) et un maître d’arts mar­tiaux nous pré­sentent des plantes médi­ci­nales du temple. Cré­dit pho­to : M. Saïah

La pratique du yǎng shēng (養生)

La vie contient la dure­té et la sou­plesse, le haut et le bas, etc., symbolisés par le yin et le yang. Ceux-ci se maté­ria­lisent dans le corps par le mou­ve­ment (yang) et l’immobilité (yin). On ne peut sépa­rer les deux, ils sont com­plé­men­taires. Ainsi, dans les arts mar­tiaux, pour culti­ver le mou­ve­ment, on pra­tique l’im­mo­bi­li­té dans la pos­ture Zhan Zhuang Gong.

Les moines suivent les 5 règles de vie suivantes :

• Chas­te­té
• Ne pas tuer (végé­ta­risme).
• Ne pas dire de mau­vaises paroles.
• Ne pas voler ni tromper.
• Éviter les nour­ri­tures qui donnent trop de sen­sa­tions (alcool, ail, oignon… qui dis­sipent le Qi).

La pra­tique médi­ta­tive sera sou­te­nue par le res­pect de ces cinq règles. La base du yang sheng est de favo­ri­ser une libre cir­cu­la­tion du Qi, et pour cela, les méri­diens doivent être net­toyés au quotidien.

Les deux principales causes d’obstruction du Qi (ou chi)

L’a­li­men­ta­tion est cru­ciale, car elle est l’une des deux prin­ci­pales rai­sons d’obs­truc­tion des méri­diens. À l’exemple d’un chemin, d’une route, d’une auto­route : plus c’est large et déga­gé, plus on peut cir­cu­ler vite. Mais, à par­tir du moment où un che­min est blo­qué, cela déve­loppe un encom­bre­ment, une stag­na­tion du trafic.

Et, à la dif­fé­rence de l’exemple des che­mins où l’on cher­che­rait une dévia­tion si une route est blo­quée, dans la san­té on ne cherche pas de che­min de tra­verse ! Il nous faut tendre à libé­rer le blo­cage, ce qui peut prendre par­fois très longtemps.

Modérer ses émotions et sa nourriture

Il insiste beau­coup sur la modé­ra­tion ali­men­taire. Les ali­ments trop forts blessent les sens et demandent beau­coup de Qi pour être éli­mi­nés, quel gas­pillage du Qi ! La viande notam­ment, très forte en goût, et qui de plus véhi­cule les émo­tions de l’a­ni­mal, est évi­tée par les moines.

La deuxième cause d’obs­truc­tion du Qi sont les émo­tions. Quand elles sont exces­sives, elles engendrent une cir­cu­la­tion per­tur­bée du Qi. La médi­ta­tion va per­mettre de ne pas vivre les émo­tions de façon trop extrême. Il ne s’a­git pas d’é­teindre les émo­tions, mais de les modé­rer. Dans la vie de tous les jours, toutes les émo­tions extrêmes vont bles­ser (trop de joie, de colère, de peur, de tris­tesse), tout comme les nour­ri­tures extrêmes.

La pre­mière étape du tra­vail spi­ri­tuel est d’être en bonne san­té. « Que peut-on faire dans la vie si on n’a pas la san­té ? » Une fois que les méri­diens sont puri­fiés, la médi­ta­tion va alors pou­voir acti­ver et décu­pler la cir­cu­la­tion du Qi.

Yang sheng et spiritualité

Vers un niveau spi­ri­tuel plus avan­cé, le jeûne total devient néces­saire. On parle dans le daoïsme (pro­non­cé taoïsme) d’ar­rê­ter les céréales bìgǔ (辟谷). Ceci se fait très pro­gres­si­ve­ment, dans le res­pect des pos­si­bi­li­tés du corps. Le lieu doit être pro­pice et calme, le cœur et les émo­tions paci­fiés, le men­tal sta­bi­li­sé (on ne pense plus à rien).

On limite la nour­ri­ture, puis on ingère seule­ment des fruits et de l’eau chaude, puis on jeûne tota­le­ment pen­dant quelques jours, puis on reprend un peu de céréales ; tout ceci va très len­te­ment. Des mani­fes­ta­tions phy­sio­lo­giques d’é­va­cua­tion peuvent sur­ve­nir : mai­grir, gros­sir, des érup­tions cutanées, des douleurs… etc. Le jeûne doit tou­jours être asso­cié à une acti­vi­té physique.

Selon le daoïsme, la pra­tique spi­ri­tuelle est liée à la médi­ta­tion et aus­si à l’hy­giène de vie. Maître Niu insiste beau­coup sur le fait de ne pas man­ger d’a­li­ments trans­for­més et de ne pas mélan­ger dif­fé­rentes céréales dans un même repas.

Il est impor­tant de s’har­mo­ni­ser aus­si avec le rythme des 24 sai­sons, lié au rythme de la lune et du soleil. En équi­li­brant ain­si le macro­cosme (la nature exté­rieure) et le micro­cosme (notre nature intérieure).

Toutes les pra­tiques com­mencent par se foca­li­ser sur l’in­té­rieur, oublier l’ex­té­rieur et cher­cher un bien-être inté­rieur. Il n’y a pas de règles pour cela. On cherche l’har­mo­nie, qui dépend de chacun.

Les méthodes pratiques du yang sheng

Elles sont de deux sortes : en mou­ve­ment et dans l'immo­bi­li­té.

Immobilité Jìng Gōng (静功)

On cherche à vider l’es­prit, on régule la res­pi­ra­tion qui doit être régu­lière (inspir/expir égaux) et pro­fonde. Quand on se foca­lise sur la res­pi­ra­tion, l’es­prit se sta­bi­lise. Si les émo­tions sont trop fortes, il vaut mieux arrê­ter, ne jamais for­cer. Quand on médite ou qu'on pratique la posture de l'arbre, on devient plus récep­tif, et il faut se pro­té­ger des « éner­gies per­verses » comme le vent, le froid ou la cha­leur extrême.

Mouvement Dòng Gōng (动功)

La vie, c’est le mou­ve­ment. Culti­ver la vie se fait par le mou­ve­ment avec les Dao Yin. Il ne s’a­git pas seule­ment de bou­ger le corps, mais aus­si d’u­ti­li­ser la res­pi­ra­tion et l’es­prit. Les prin­cipes du Dao Yin : éti­rer les ten­dons et sépa­rer les os.

Tout ceci est la base de la pra­tique. Si cela n’est pas com­pris et appli­qué, on ne peut aller plus loin. Il conclut en nous pré­ci­sant que médi­ter est déli­cat. Si cela est pra­ti­qué de façon incor­recte, cela peut pro­vo­quer des désordres internes. Il vaut mieux être gui­dé par un professeur.

La pratique du yang sheng

Loin d’être exhaustive, cette pré­sen­ta­tion n’en donne pas moins une bonne idée de l’é­ten­due et de la pro­fon­deur du Yang Sheng dans la tra­di­tion chinoise. Le yang sheng est avant tout une voie de modé­ra­tion et de bon sens, qui s'étend à toutes les sphères de la vie.

Les points d'acupuncture

Au-delà de l'utilisation thérapeutique de l'acupuncture, la stimulation des points et des méridiens fait partie intégrante du mode de vie oriental, et chacun connaît les points principaux à stimuler pour les désordres du quotidien.

L’exemple des 12 points "12 étoiles ou points miraculeux" de Ma Danyang, célèbre médecin chinois de l'antiquité, peuvent nous être d'un grand secours au quotidien.

S'harmoniser avec les lois de la nature et les saisons

Se régler sur les saisons, mais aussi les prévoir, était une question de survie pour les peuples anciens. Alors, pour calculer le temps qui passe, les peuples se repéraient aux mouvements cosmiques de la Lune, du Soleil et des étoiles. Cherchant à anticiper le passage du temps pour régler leur vie et leurs cultures au rythme des saisons.

Une vision dont nous nous sommes éloignés dans notre civilisation urbaine, mais qui régit pourtant toujours les rythmes profonds et subtils de notre corps.

Alors, pour vous harmoniser en profondeur avec chacune des saisons, découvrez nos articles dédiés :

• Le printemps
• L'été
• L'automne
• L'hiver

Les bienfaits de la respiration

Dans notre vie quotidienne, nous ne prê­tons que très rare­ment atten­tion au pro­ces­sus de notre res­pi­ra­tion. En revanche, dans les moments de stress, la pre­mière chose que l’on res­sent est une dif­fi­cul­té à res­pi­rer. L’état de ten­sion s’ex­prime alors par des douleurs. dans l’abdomen et dans la zone du plexus solaire, le diaphragme se spasme, et le souffle devient court.

Dans de nombreuses traditions, la respiration est la clef de voûte de l'entretien de la santé, de la longévité, mais aussi du développement spirituel.

Nous vous présentons ici les bienfaits d'une respiration abdominale naturelle, et les différents types de respirations utilisées dans le yang sheng et le qi gong. Vous y apprendrez comment libérer votre diaphragme pour vous recharger, vous apaiser et mieux gérer stress et émotions.

La diététique chinoise

Comme toutes les facettes de la vie, se nourrir est un art de l'équilibre : par une juste régulation, la diététique chinoise aborde la nourriture avec une même vision globale, matérielle et énergétique. Se nourrir suit donc les grands préceptes du yin/yang et des 5 éléments, pour offrir à chacun une nourriture adaptée à sa problématique, régulée par les saisons, mais aussi par l'âge et la condition énergétique de chacun. Il n'y a donc pas de "régime idéal" identique pour tous !

Se nourrir est considéré comme l'un des prin­ci­paux moyens pour rechar­ger son Jing et stimuler son Qi. 

Ainsi, réguler son poids avec la diététique chinoise n'est pas une question de régime, mais de recherche d'harmonie pour résoudre les causes profondes de la prise de poids.

La diététique chinoise est avant tout préventive, pour renforcer son terrain et cultiver sa propre énergie. Elle peut également être curative et faire partie des recommandations mises en place avec votre acupuncteur.

Alors, découvrez les grands principes de la diététique chinoise, et si vous êtes gourmands, pourquoi ne pas tester nos recettes de santé ?

La relaxation

En Occident, se détendre et ne rien faire n'est pas forcément vu d'un bon œil, et souvent associé à la paresse ! L'hyper activité et la vitesse sont ainsi devenues la source de bien des maux de notre monde contemporain. Alors que dans la nature, les animaux alternent toujours activité et repos, condition nécessaire pour récupérer.

À nous d'apprendre à nous relâcher sans culpabiliser !

Dans la tradition chinoise, se relâcher est considéré comme nécessaire et bienvenu après un effort. Et ils ont ainsi cultivé l'art de la relaxation comme une condition indispensable à la santé. Se détendre est vu comme une façon de développer nos capacités  d'attention et de résilience. 

Alors, venez découvrir les bienfaits de la relaxation chinoise "Fang Song Gong" pour mieux gérer votre stress et réguler votre sommeil.

Dao Yin : l’ancêtre du qi gong

Dao Yin (ou Do In en japonais) signifie « tirer et guider le Qi » en utilisant l'intention. Ce terme se réfère à des exercices de Qi Gong, également connus sous le nom de yoga chinois, qui visent à développer la douceur et la souplesse à la fois du corps et de l'esprit. 

Ces exercices exploitent notre capacité naturelle à nous rééquilibrer, comme dans les gestes quotidiens spontanés (se frotter le visage pour se détendre ou s'étirer le matin, par exemple).

Le Dao Yin met en avant l'idée que notre esprit dirige nos actions et mobilise l'énergie et le sang pour créer le mouvement.

Sexualité : jeu des nuages et de la pluie

« L’art de la chambre » ou « les jeux des nuages et de la pluie » est une approche taoïste de la sexualité, à la fois thérapeutique et revitalisante. Les ovaires et testicules sont vus comme des réservoirs d'énergie, et grâce à l'attention aux sensations et à la maîtrise de la respiration, ces techniques visent à recycler et transformer l'énergie. 

Celle-ci est alors dirigée à travers le corps pour le nourrir et stimuler le cerveau. Faire l'amour crée ainsi un « corps d'énergie » entre les partenaires, entretenu par l'attention partagée à leurs sensations respectives.

La gestion des émotions

Les émotions représentent des réponses physiologiques aux changements de l'environnement, guident notre système endocrinien et nous incitent à l'action.

Souvent inconscientes, elles sont difficiles à maîtriser et peuvent nous rendre esclaves de nos réactions.

En conséquence, et conformément à leur étymologie dérivée du latin "moverer", signifiant mouvement, les émotions nous poussent à réagir rapidement face aux stimuli externes.

Dans la vision orientale, elles sont considérées comme des mouvements du Qi, associées aux 5 mouvements de la tradition chinoise. Chaque émotion s’associe à un élément et à un organe, ce qui permet de développer un système de gestion émotionnelle systémique très intéressant.

Questions fréquentes

Qu’est-ce que le Yang Sheng Fa ?

Yǎng Shēng Fǎ~養生法 est le terme complet qui signifie "la méthode pour nourrir la vie” et que l’on appelle plus communément yang sheng.

Qu’est-ce que le Daoyin Yangsheng gong ?

Il s'agit d'une forme contemporaine de qi gong, créée par maître Zhang Wangde. Le Daoyin Yangsheng gong (导引养生功) comprend de nombreuses formes (enchaînements) destinées à l'entretien de la santé ou pour un besoin thérapeutique spécifique.