Yang Sheng
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Guide complet de la diététique chinoise

Un repas chinois appétissant
Écrit par
Maëlla Caro
Maëlla Caro
Publié le
August 4, 2025

Points essentiels

Pra­ti­quez la dié­té­tique du Dao, au même titre que le qi gong ou les arts martiaux !

Loin d’un régime aus­tère et rigo­riste, la diététique chinoise cherche à évi­ter les extrêmes  : ni trop, ni trop peu. On équi­li­bre les cinq saveurs, mais aus­si les cinq cou­leurs et les cinq tex­tures, pour nour­rir les cinq organes prin­ci­paux : cœur, reins, rate, foie, poumons. Et surtout, en écoutant les réactions de votre corps, vous saurez petit à petit ce qui est bon… pour vous.

Se nour­rir devient ain­si une façon d’en­trer en résonance avec la nature et l’éner­gie du monde.

En quoi la diététique chinoise est-elle spécifique ?

La diététique chinoise s’ins­crit dans le concept plus large de l’éner­gé­tique orien­tale qui considère qu'il n'y a pas une solution unique à une problématique, mais aborde les phénomènes avec une vision globale : le yang sheng ou l'art de nourrir et protéger la vie.

Se nourrir est basé sur un principe d’équilibre : on cherche à harmoniser et à renforcer l'énergie vitale en équilibrant le yin, le yang et les cinq éléments dans le corps. La nourriture va participer à cette recherche. Avec les arts éner­gé­tiques et la méde­cine tra­di­tion­nelle chi­noise, la nour­ri­ture est un des prin­ci­paux moyens pour rechar­ger son éner­gie et sa vitalité.

La grande particularité de la diététique chinoise est de considérer qu’il n’y a pas un régime idéal, mais que toute personne doit adapter son alimentation à sa nature : froide ou chaude, son âge, ses capacités digestives, son mode de vie et le climat dans lequel elle vit ou ses symptômes éventuels de déséquilibre.

Pour réguler son poids, par exemple, la diététique chinoise aura une approche tout à fait particulière, loin des "régimes amaigrissants".

Nous y consacrons d'ailleurs un article complet pour vous aider à harmoniser votre poids sous l’angle de la diététique chinoise.

Quant à un aliment, si nous le considérons en Occident par ce qu’il contient (protéines, vitamines, glucides, lipides et sels minéraux), les aliments sont envisagés en MTC selon l’impact qu’ils vont avoir sur une personne :

  • Sur sa vitalité
  • Sa température
  • L’effet sur certains organes
  • L’impact qu’ils vont produire dans le corps sur le sang et les liquides organiques.

Il n'y a donc pas en médecine chinoise un régime unique pour maigrir, par exemple, et la nourriture doit être adaptée aux besoins spécifiques de chacun. Nous vous donnons ici les bases de la diététique chinoise dans son contexte global.

La diététique chinoise est avant tout préventive. Elle permet de renforcer son terrain et de cultiver sa propre énergie. Elle peut également être curative. On choisira alors les aliments et les saveurs en fonction d'une pathologie ou d'un déséquilibre. Dans ce cas, des conseils adap­tés à votre nature pour­ront vous être don­nés par un thé­ra­peute en MTC, après un bilan éner­gé­tique global.

Une table chinoise avec de nombreux plats à partager
Mettez du Qi dans votre assiette !

Principes de la digestion : la vision de la médecine traditionnelle chinoise !

Les organes de la digestion

 On peut comparer notre estomac et notre système digestif à l'image d'un chaudron. Pour pouvoir cuire les aliments, celui-ci nécessite un feu, donc de l’énergie !

Les deux organes prin­ci­paux de la diges­tion sont la rate et l’es­to­mac. On consi­dère que l’es­to­mac, qui reçoit les ali­ments, va devoir les  "cuire", les chauf­fer pour les ame­ner à la tem­pé­ra­ture du corps, afin que celui-ci puisse ensuite les assi­mi­ler. Il va alors lui fal­loir une cer­taine éner­gie : le "feu diges­tif", qui sera envoyée par son com­plice la rate.

Mais d'autres organes sont impliqués :

  • Les reins soutiennent la digestion en tant que « batterie » qui déclenche le feu digestif.
  • L’intestin grêle extrait la partie matérielle des aliments qui est utilisable par notre corps et l‘envoie dans le sang.
  • Le gros intestin évacue les déchets.

Dans cette vision globale, on comprend mieux que la digestion n’est pas seulement le résultat du travail de l’estomac. Elle est très dépendante du rôle de la rate-pancréas, des intestins et des reins.

Si notre éner­gie est abon­dante, la diges­tion sera facile, mais si notre éner­gie est déjà faible, nous irons pui­ser dans la bat­te­rie de nos reins. 

D’où le para­doxe : man­ger pour récu­pé­rer de l’éner­gie nous épuise. Ce qui explique la fatigue après les repas, ou la sen­sa­tion de froid, qui marquent une éner­gie défaillante de la rate et des reins. Plus on est fati­gué, et plus on aura donc inté­rêt à man­ger chaud ! Et à évi­ter les ali­ments de nature froide et humidifiante.

Protéger son feu digestif

Le plus important sera ainsi d’adapter votre alimentation à vos capacités de digestion. Les aliments doivent nous apporter le maximum d'énergie tout en dépensant le minimum de « feu digestif ». La puissance de notre feu digestif dépend de la force de notre rate et également de la qualité de nos batteries que sont nos reins.

Symptômes en cas de feu digestif faible

  • Difficultés digestives, lourdeur
  • Fatigue, manque de concentration et frilosité après le repas
  • Nez et doigts toujours froids, 
  • Appétit faible
  • Fringales de sucre
  • œdème, rétention d’eau, selles molles ou diarrhées l’après-midi
  • rumination

Conseils en cas de feu digestif faible

  • Privilégier les repas chauds le plus souvent.
  • Manger copieusement le matin, bien équilibré le midi, et très légèrement le soir.
  • Bien mastiquer pour préparer le travail de l'estomac.
  • Manger à heures régulières et dans le calme, en conscience.
  • Éviter les excès de nature froide et les excès de saveur.
  • Ne pas boire pendant les repas et ne pas terminer par des aliments froids, notamment une glace. 
  • Terminer au contraire par une boisson chaude.
  • On évitera par ailleurs les excès d'humidité, surtout les crudités, les produits laitiers et les excès de graisse animale.
  • On évitera le sucre en fin de repas. Le dessert sera pris seul et trois heures après le repas principal !
Un wok rempli de légumes fumants

La juste quantité dans votre alimentation

Deuxième prin­cipe, pour que la trans­for­ma­tion des ali­ments soit effi­cace, l’es­to­mac ne doit pas être trop rem­pli, afin qu’il sub­siste une zone de « vide ». À l'image d'une casserole, l'estomac devrait être rempli à moitié d'éléments solides, d'un quart de liquide et d'un quart de vide. Ainsi, les par­ties "sub­tiles" des ali­ments pourront être extraites. En effet, au-delà des nutri­ments des ali­ments, nous extrayons aus­si leur énergie, qui doit être de bonne qualité.

Des aliments "vivants"

Un ali­ment peut se carac­té­ri­ser par son jing (sa vita­li­té), qui va décroître avec le temps de trans­port, les cou­pures pour les légumes, l’oxy­da­tion de l’air… La cui­sine dié­té­tique chi­noise pri­vi­lé­gie­ra donc tou­jours les ali­ments les plus frais et sains possible, qui n'ont pas trop longtemps voyagé et ont été cultivés sans être "forcés" par des pesticides et autre chimie délétère.

Le rôle des saveurs

Enfin, tou­jours selon les prin­cipes de l’éner­gé­tique chi­noise, les saveurs (acide, amer, douce, piquante, salée) vont avoir une action sur nos organes. Nous devons donc équi­li­brer ces saveurs, sinon tout excès de l’une va avoir des consé­quences sur un organe.

Selon la loi des cinq éléments, chaque saveur correspond à un élément et aura ainsi un impact sur l’organe correspondant.

L'acide sur le foie, l'amer sur le cœur, le doux sur la rate et le pancréas, le piquant sur les poumons, le salé sur les reins.

Chaque saveur a également une action spécifique sur l'énergie en général :

  • La saveur acide est astringente, on dit qu'elle rassemble, resserre et empêche les choses de sortir. Absorbée en quantité raisonnable, elle tonifie le foie, les yeux, les tendons, les ligaments et les muscles. Souvent présente en excès dans la nourriture industrielle, elle a alors un impact déséquilibrant sur le foie, les yeux, les tendons et les muscles.
  • La saveur amère est asséchante, elle draine la chaleur dans le corps et fait descendre le Qi. Elle soutient les fonctions du cœur et de l'intestin grêle, tonifie également l'estomac et la digestion. C'est la saveur la moins représentée dans notre alimentation contemporaine.
  • La saveur douce tonifie, nourrit, humidifie et renforce l'organisme en général. Elle a un effet relaxant sur l'organisme. Elle permet de lutter contre le stress et de calmer les douleurs. Associée à la rate/pancréas et à l'estomac, elle stimule les fonctions digestives. Si l'on mange trop peu de saveur douce, il y aura amaigrissement. La saveur sucrée est un concentré de saveur douce. En cas d'excès de cette saveur, il y aura prise de poids. Elle favorise la production du sang, des liquides organiques, de l'énergie. Dans notre alimentation moderne, c'est la saveur la plus en excès.
  • La saveur piquante est extériorisante. Elle amène l'énergie et les liquides vers la surface de notre corps, induisant la transpiration. Elle est dispersante et elle stimule la circulation de l'énergie dans le corps. Bien dosée, elle stimule le gros intestin et les poumons.
  • La saveur salée assouplit, ramollit et dissout les nodules. Elle induit également un mouvement descendant et purgatif intéressant en cas de constipation. Prise en petite quantité, elle vient stimuler l'énergie des reins et de la vessie. En excès, elle dérègle le cœur et les reins. Elle est en excès dans notre alimentation contemporaine, contenue dans tous les plats cuisinés.

Ainsi, on doit chercher à équilibrer les cinq saveurs dans un repas. Nous consom­mons géné­ra­le­ment trop de sucre et de sel, voire trop d’a­cide. Rajou­ter de l’a­mer et du piquant permet d'équi­li­brer les cinq saveurs.

La nature énergétique des aliments

Cette notion est très spécifique à la médecine traditionnelle chinoise. On classe les ali­ments selon l’ef­fet ther­mique qu’ils pro­duisent sur l’or­ga­nisme. Froid, frais, neutre, tiède, chaud. Ce qui n'a rien à voir avec la température de votre plat : vous pouvez manger des crevettes froides, mais elles auront un effet réchauffant sur vos reins !

  • Certains aliments de nature froide ou fraîche auront un effet yin sur le corps : ralentissement du métabolisme et évacuation de la chaleur. Particulièrement indiqués pendant l'été, en cas de forte chaleur, ou pour une personne de nature yang. Également en cas de maladie avec forte fièvre.
  • Les éléments de nature neutre n'auront pas d'effet thermique particulier. Ils pourront être consommés par tous et en toute saison.
  • Les aliments de nature tiède et chaude auront, eux, un effet yang sur l'organisme. Ils réchaufferont, stimuleront le métabolisme et feront circuler l'énergie dans le corps. À privilégier par temps froid, ou si vous êtes de nature plutôt yin.

Il est important de considérer la nature des aliments par rapport aux besoins de chacun, et aussi par rapport à la saison et à la latitude. Privilégiez la nature neutre, avec un peu de chaud, un peu de froid. Évitez les extrêmes.

La nature d’un aliment peut être modifiée par la cuisson ou l’adjonction d’aliments d’une autre nature.

Si l’on est de nature yang, avec une ten­dance à avoir tou­jours chaud, on pri­vi­lé­gie­ra les ali­ments de nature neutre et fraîche et on évi­te­ra les ali­ments échauffants. Si l’on est plu­tôt fri­leux, ten­dance yin, on choi­si­ra les ali­ments tièdes et neutres et on évi­te­ra les ali­ments froids. D’autre part, en hiver, on pri­vi­lé­gie­ra les ali­ments tièdes et neutres, et en été les ali­ments frais et neutres.

Un bol de soupe chinoise avec des pâtes
Manger chaud : un conseil récurrent de la diététique chinoise

La diététique chinoise au rythme des saisons

La première règle, de bon sens, est de manger ce qui pousse dans la saison. Alors, oubliez les fraises en hiver !

  • Diététique chinoise au printemps: il faut pré­fé­rer la saveur douce et limi­ter la saveur acide, pour ne pas bles­ser le foie et sou­te­nir la rate. 
  • Été : les fonc­tions diges­tives fai­blissent, il faut évi­ter les ali­ments piquants et secs, man­ger léger, évi­ter le gras et les ali­ments trop riches, consom­mer davan­tage de fruits et de végé­taux, pour com­pen­ser les pertes de liquides dues à la chaleur.
  • Automne : dès que le temps se refroi­dit, on évite les ali­ments froids, on boit chaud pour limi­ter les risques d’ac­cu­mu­la­tion d’humidité.
  • Hiver : c’est la période où l’éner­gie est la plus inté­rio­ri­sée, où l’on va plus accu­mu­ler, sto­cker, res­tau­rer l’éner­gie. On évite les ali­ments froids, on cui­sine les ali­ments toniques et riches en jing. Les graines, les légu­mi­neuses, les fruits secs.

L'art de bien manger selon la diététique chinoise

Voici les points clefs à retenir pour bien dégénérer tout au long de l’année : 

  • Manger chaud
  • Dîner léger
  • Bien mastiquer
  • Manger à heures régulières
  • Manger dans le calme (le stress bloque le foie).
  • Éviter l’excès de saveur ou d’une saveur en particulier
  • Éviter l’excès de nature froide
  • Éviter l’excès d’aliments gras et humidifiants (fromage, fondue, crème fraîche, charcuterie, bière, viandes grasses, oléagineux).
  • Ne pas boire d’eau en mangeant, mais boire entre les repas, de petites gorgées, régulièrement.
  • Ne pas finir par une glace
  • Ne pas finir par du sucré (prendre son dessert 3 heures après)
  • Finir le repas par une boisson chaude, qui lancera la digestion
  • Faites attention à la façon de combiner vos aliments.

Ces conseils sont primordiaux en cas de difficulté digestive, de maladie chronique ou faiblesse généralisée. Et dans le début et la fin de la vie, quand le feu digestif est faible.

On conseille par ailleurs de suivre ces conseils même si le feu digestif est fort, afin de ne pas l’affaiblir !

La diététique chinoise permet aussi de nourrir le sang, ce qui est particulièrement important pour les femmes, notamment après la grossesse et l’accouchement. 

Recettes

Et comme nous sommes aussi des gourmands, voici quelques recettes testées et approuvées par nous… pour vous !

Cet article prend ses sources dans :

La san­té vient en mangeant, par Pierre-Hen­ri Meu­nier, PHM Éditions

La diététique du Tao, de Phi­lippe Sion­neau et Pierre Zagors­ki, Guy Tré­da­niel éditeur

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