La saison de l’automne 

Tra­di­tion­nel­le­ment, l’automne après les mois­sons était dédié à engran­ger, faire le tri et se pré­pa­rer pour l’hiver. Ce mou­ve­ment de l’automne, syno­nyme de retrait, de des­cente et concen­tra­tion est sym­bo­li­sé par le Métal 金 (Jīn), élé­ment dense et lourd, dans la vision éner­gé­tique chinoise.

Dans la sym­bo­lique de cet élé­ment, nous retrou­vons ain­si nos capa­ci­tés à tran­cher et faire le tri, à déli­mi­ter notre ter­ri­toire et à nous défendre, mais aus­si à com­mu­ni­quer et échan­ger (le métal est éga­le­ment un excellent conducteur). 

Le Métal évoque aus­si notre struc­ture pro­fonde, nos valeurs et nos limites. Des limites qu’il faut savoir ouvrir et fer­mer de façon équi­li­brée pour échan­ger et croître, sans perdre son intégrité.

La respiration 

Notre res­pi­ra­tion (ou Qi 氣 en chi­nois) repré­sente cette capa­ci­té d’échange avec l’extérieur. Nos pou­mons peuvent accueillir l’air et l’énergie de l’environnement, mais aus­si éva­cuer les déchets tout en nous pro­té­geant constam­ment des agres­sions externes.

L’or­gane qui est le plus res­pon­sable du lâcher prise des déchets est le Gros Intes­tin (cou­plé au Pou­mon). Ces deux organes ont pour fonc­tion de col­lec­ter et de libé­rer ce qui n’est plus utile. Rien d’é­ton­nant à ce que cette période s’ac­com­pagne sou­vent de toux, séche­resse cuta­née et consti­pa­tion. Ces symp­tômes reflètent notre inca­pa­ci­té à nous adap­ter et à nous détendre durant cette période dédiée à l’é­li­mi­na­tion sur tous les plans : phy­sique, émo­tion­nel et mental. 

Notre res­pi­ra­tion est au coeur de cette alchi­mie sub­tile : l’ins­pi­ra­tion & l’ex­pi­ra­tion étant la par­faite expres­sion de ces échanges.

Voi­ci quelques qua­li­tés que nous cher­chons à acqué­rir dans la pra­tique du souffle. Celui-ci devrait idéa­le­ment être calme, pro­fond & fin :

  • 靜 Jìng : res­pi­rez en silence. Evi­tez de faire un bruis­se­ment avec votre souffle.
  • 深 Shēn : lais­sez le souffle som­brer dans l’abdomen sans “pous­ser” celui-ci avec force.
  • 細 Xì : res­pi­rez avec déli­ca­tesse à l’image d’un fil de soie qui s’étire sans se déchirer.

Ce mou­ve­ment (en excès) vers le bas de l’énergie du Métal peut par­fois nous entraî­ner vers la dépres­sion et la tris­tesse. Mais cette mélan­co­lie de fin de cycle ne doit pas nous faire oublier que le mou­ve­ment est cyclique et qu’il faut savoir redes­cendre et se replier, nour­rir cette phase Yin, pour mieux repar­tir au printemps.

L’automne saison de l’introspection 

Accep­tez ce mou­ve­ment natu­rel de l’automne, et pro­fi­tez-en pour ralen­tir le rythme, vous poser et par­tir à la ren­contre de votre monde intérieur.

« Que l’esprit soit pai­sible et tran­quille, afin de tem­pé­rer le “châ­ti­ment” (la réduc­tion de la lumière) infli­gé à l’automne. Col­lec­tez le Shen (Esprit) et faites en sorte que le Qi de l’automne soit har­mo­nieux. Ne diri­gez pas votre inten­tion vers l’extérieur pour que le Qi du Pou­mon reste clair & pur. » Huang Di Nei Jing

Pro­fi­tons ain­si de cette période de réduc­tion du Yang pour faire une pause et faire le tri (sépa­rer le Pur de l’Impur dans la vision clas­sique), dans notre mai­son et/ou dans notre cœur. L’espace qui se dégage après cette phase “réduc­trice” pro­cure pour l’esprit agi­té un sanc­tuaire, un havre dans lequel il peut se re-poser. La réduc­tion, dans la vision des anciens sages, est au coeur des pra­tiques médi­ta­tives et semble être le baume idéal pour apai­ser notre rythme de vie contem­po­rain effréné .

S’assoir & s’oublier

Le moins (néga­tif) per­met de créer une vacui­té géné­ra­trice (posi­tif) de poten­tia­li­tés. Se vider de soi-même, on dit pour être plus pré­cis, s’oublier soi-même : Zuo Wang « s’assoir & s’oublier” repré­sente la ren­contre avec notre être pro­fond, celui qui réside sous notre per­son­na­li­té acquise ou arti­fi­cielle à tra­vers l’expérience de la vie (Ming). Se tour­ner vers “lui/elle” est source au début de conflits car l’agitation per­pé­tuelle n’est pas source d’harmonie. L’arrêt ou réduc­tion des mou­ve­ments externes dans l’assise ampli­fie la per­cep­tion des vents internes…

L'automne saison pour libérer nos tensions

Quelle est la solution ?

Le pro­blème et sa solu­tion réside dans celui ou celle qui pose la ques­tion. Si j’interfère avec une inten­tion de “trou­ver” la solu­tion, je bloque la libre cir­cu­la­tion du Qi. Il serait plus juste d’inviter le Qi dans notre vie afin de retrou­ver le mou­ve­ment natu­rel et spon­ta­né de notre nature ori­gi­nelle (Xing). L’action juste sans effort est la clef du pro­blème (Wei Wu Wei).

S’assoir tout sim­ple­ment en silence dans la pré­sence du souffle, puis oublier le souffle pour enfin s’oublier soi-même…telle une feuille morte por­tée par le vent de la vie.

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