Qi Gong
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Comment mieux gérer la douleur avec le qi gong ?

Une femme se tient le bas du dos avec les mains.
Écrit par
Maëlla Caro
Maëlla Caro
Publié le
July 19, 2025

Quand la douleur "nous parle"

Dans la pen­sée chi­noise, basée sur une vision holis­tique de l’être humain, la dou­leur chro­nique n’est jamais consi­dé­rée comme devant être « gom­mée », mais on cherche tout d’abord à en com­prendre la cause, pour cher­cher à y remé­dier. Pour une même dou­leur, les causes peuvent être très différentes.

Un pra­ti­cien de méde­cine chi­noise cher­che­ra tout d’abord à déter­mi­ner le type de dou­leur, et sa loca­li­sa­tion, pour pou­voir faire un pre­mier bilan.

Quelle en est l’origine ?

  • Est-elle externe ? (résul­tant d’une blessure, par exemple)
  • ou interne ? (un excès de toxine dans le corps, par exemple, pour une dou­leur musculaire)

Pour la MTC (médecine chinoise traditionnelle), la dou­leur est tou­jours le signe que la cir­cu­la­tion nor­male du Qi est blo­quée, dans un endroit par­ti­cu­lier. On clas­si­fie les dou­leurs par excès et par défi­cience : dans l’excès, la dou­leur est empi­rée par le tou­cher, dans la défi­cience, elle sera améliorée.

Les dou­leurs par excès

Elles ont sou­vent une ori­gine externe. La dou­leur pro­vient du fait que le corps cherche à éva­cuer quelque chose qui ne devrait pas être là. (Un excès de froid dans le corps va pro­vo­quer des cour­ba­tures, typiques des états grip­paux par exemple.)

Elles peuvent aus­si être dues à un blo­cage de la cir­cu­la­tion interne du Qi (cal­cul biliaire, ulcère, rage de dents ou migraine…). Et dans ce cas, la per­sonne ne sup­porte pas d’être tou­chée. On cher­che­ra à remettre en cir­cu­la­tion le Qi par le mou­ve­ment ou la phytothérapie.

Les dou­leurs par défi­cience

Elles sont généralement accom­pa­gnées de fatigue et de sen­sa­tion de vide. Elles sont amé­lio­rées par la cha­leur, le mas­sage pro­fond, la pres­sion, car la per­sonne est en manque de Qi. On cher­che­ra à revi­ta­li­ser la cir­cu­la­tion du Qi et à réchauffer.

Les différents types de douleurs selon la médecine chinoise

  • Une dou­leur sourde est le résul­tat d’une faible cir­cu­la­tion ou d’un ralen­tis­se­ment du Qi, dû à un excès d’humidité ou de froid dans cer­taines zones du corps, comme dans le cas de l’arthrose. On le déter­mine par l’aspect de la langue : épaisse, gon­flée. Ces dou­leurs sont aggra­vées par temps froid et humide. L’objectif du trai­te­ment sera alors d'assécher, de réchauf­fer pour aug­men­ter la cir­cu­la­tion du Qi.
  • Une dou­leur aiguëe, chaude, de type inflammatoire, est due à un excès d’acidité dans le corps et de toxines. On parle ainsi d’ex­cès de « cha­leur ». La langue sera rouge, le trai­te­ment cher­che­ra à rafraî­chir et à détoxifier l’organisme.
  • Une dou­leur erra­tique, qui change de loca­li­sa­tion et se déplace dans le corps, est sou­vent d’origine ner­veuse. La langue est « trem­blante ». On par­le­ra d’ex­cès de  "vent", comme pour une dou­leur « élec­trique », brû­lante dans le cas d’une scia­tique par exemple. Ces dou­leurs pro­viennent d’une lésion ou sur­ex­ci­ta­tion du sys­tème ner­veux. Elles seront accrues par les ten­sions ner­veuses, cer­tains régimes ali­men­taires, la fatigue, les aller­gies sai­son­nières et ali­men­taires, le vent. On cher­che­ra alors un trai­te­ment cal­mant du sys­tème ner­veux, et un régime ali­men­taire adapté.

Le qi gong dans le traitement de la douleur

L’objectif pre­mier du qi gong étant de mettre en cir­cu­la­tion le Qi et le sang dans le corps, il est évident qu’il peut avoir un impact béné­fique sur les dou­leurs. Il a en effet une action calmante glo­bale sur le sys­tème ner­veux et permet l’activation du sys­tème para­sym­pa­thique (notre « frein »).

Les mou­ve­ments lents, éti­re­ments doux et automassages per­mettent une meilleure cir­cu­la­tion du Qi et du sang.

Les pra­tiques médi­ta­tives (Shen Gong) quant à elles, per­mettent de prendre du recul, d'« observer » la dou­leur, pour bien se dis­so­cier de celle-ci, afin qu’elle ne prenne pas toute la place. La méditation per­met éga­le­ment de faire la part des choses entre la dou­leur « réelle » phy­sique et les ajouts émo­tion­nels de peur, de colère, de ten­sion. Car si la dou­leur phy­sique ne peut par­fois pas être sup­pri­mée (dans le cas d’une lésion par exemple), on peut tou­jours dis­soudre ces com­po­santes émo­tion­nelles par la pra­tique de l’attention.

Quelques conseils en cas de douleur

  • Déter­mi­ner la cause
  • Déter­mi­ner le type de douleur
  • Obser­ver les fac­teurs externes aggra­vants (ali­men­taires, cli­mat, émo­tions, mode de vie) pour cher­cher à les éliminer.
  • Pra­ti­quer le qi gong ! Sans jamais for­cer, la modé­ra­tion doit être votre guide. Vos dou­leurs ne doivent pas être aggravées par le mou­ve­ment. Pra­ti­quez dans la len­teur en cher­chant le relâ­che­ment mus­cu­laire et ner­veux. Mettez en mou­ve­ment avec beau­coup de dou­ceur la zone dou­lou­reuse. Alter­nez pra­tiques en mou­ve­ment et pos­ture debout ou assise.

Quelques points à traiter en automassage :

  • Dou­leur dans l’en­semble du corps : pres­ser ensemble le point 4 GI (sur le méri­dien du gros intes­tin, à la jonction du pouce et de l’index) et le 3 F (méri­dien du foie, entre le premier et le second orteil).
  • Pour les dou­leurs qui changent de localisation : 4 GI (méri­dien du gros intes­tin à la jonction du pouce et de l'index) + 20 VB (méri­dien de la vésicule biliaire).
  • Pour les dou­leurs dues à un excès d’humidité : 9 RP (méri­dien Rate Pancréas sous le genou).
  • Pour les dou­leurs des bras et des épaules : 5 TR (méri­dien triple réchauffeur, avant le poignet).
  • Pour les douleurs tendineuses : 34 VB (méridien de la vésicule biliaire sur l’extérieur de la jambe sous le genou).

De nombreuses études ont été menées sur les effets du qi gong sur la douleur.

Même si celles-ci ne se font pas tou­jours selon les règles médi­cales occi­den­tales (beau­coup émanent d’hôpitaux chi­nois), les résul­tats semblent pro­met­teurs, ce que confirment d’ailleurs nos élèves, atteints de dou­leurs chro­niques !

La pra­tique régu­lière du qi gong leur per­met de mieux les accep­ter et les gérer.

Le qi gong améliore le mal de dos

Par ses mobilisations douces et son attention très précise à la posture debout, le qi gong améliore très vite les douleurs du rachis, lombaire, dorsal et cervical. Il permet également d'améliorer la posture au quotidien. Nous le recommandons car c’est une excellente méthode de prévention des douleurs de dos. Attention toutefois, car le qi gong pratiqué sans explications claires pour trouver un positionnement juste et apprendre à relâcher correctement le bas du dos en position debout peut conduire à l'effet inverse et générer des douleurs lombaires. N'hésitez pas à demander de l'aide à votre enseignant si c'est votre cas, pour bien construire vos alignements posturaux.

Le qi gong peut-il aider l'algo­dy­stro­phie ?

Cette affection articulaire très invalidante survient souvent après un traumatisme, une fracture ou une entorse. Une inflammation chronique s’installe, liée à un dérèglement du système nerveux autonome. Plusieurs de nos élèves, souffrant de cette pathologie, ont vu des bénéfices avec la pratique du qi gong

Une étude, finan­cée par le Natio­nal Ins­ti­tute of Health du gou­ver­ne­ment amé­ri­cain et diri­gée par le pro­fes­seur Wen-hsien Wu, a tes­té les effets du Qi Gong sur des patients atteints du syn­drome d’algodystrophie au der­nier stade. Les patients effec­tuèrent 6 ses­sions de 40 minutes par semaine pen­dant 3 semaines, et durent conti­nuer les exer­cices chez eux durant les sept semaines suivantes.

91 % des par­ti­ci­pants obser­vèrent une dimi­nu­tion de leur dou­leur et de leur niveau d’anxiété à la fin de leurs ses­sions d’entraînement. Les effets se faisant sentir dès la première séance.

Le qi gong peut-il aider la fibro­my­al­gie ?

La fibromyalgie est une pathologie très complexe, tant pour ceux qui en sont atteints que pour la traiter. Elle est caractérisée par des douleurs chroniques parfois très invalidantes, accompagnées d'une fatigue chronique, de troubles gastro-intestinaux et d'une perturbation du sommeil.

Selon une étude de Jana Sawy­nok, université Dal­hou­sie à Hali­fax (Nouvelle-Écosse), une pra­tique de qi gong, pen­dant 8 semaines de pra­tique sur un échan­tillon de 100 patients, per­met une amé­lio­ra­tion signi­fi­ca­tive de la dou­leur et des autres symp­tômes asso­ciés de la fibro­my­al­gie. (som­meil, stress, fatigue)

Nous avons accompagné plusieurs personnes fibromyalgiques dans nos cours de qi gong, avec à chaque fois des bénéfices pour la personne, qui a vu une amélioration de ses symptômes et un meilleur confort de vie, tant physique qu'émotionnel. Il ne s'agit pas, bien sûr, d'arrêter les médicaments, mais d'un outil complémentaire très précieux. Le qi gong permet ainsi à la personne atteinte de retrouver de l'autonomie dans la gestion de ses douleurs et ainsi de reprendre confiance en elle.

Si vous souffrez de douleurs chroniques, n’hésitez pas à en parler avec votre médecin, pour envisager un accompagnement avec le qi gong. Avec pratique, patience et persévérance, le qi gong vous accompagnera au quotidien pour mieux gérer vos douleurs, en toute autonomie.
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