Organe majeur de la féminité, l'utérus réunit aussi les trompes et les ovaires en énergétique chinoise. Il est responsable des règles, mais aussi de la fertilité, de la conception, de la grossesse et de l’accouchement. Il emmagasine le sang qui, chez la femme, domine la physiologie.
La vision chinoise
Du point de vue de l'énergétique chinoise, « utérus » se dit « Bao Gong » : palais du bébé et aussi « Xue Zang » : organe du sang. Corne d'abondance tournée vers le sol, l’utérus est placé au centre du bassin et puise l'énergie nourricière de la Terre.
« Entraille extraordinaire », il allie la spécificité d'un organe yang (fonction d'évacuation du bébé et du sang) et le rôle d'un organe yin (stockage du sang et nourriture du fœtus).
Correspondant au dantian inférieur, Bao concerne l’homme et la femme (chez l’homme, c’est la « chambre du sperme »). De cette zone partent les « merveilleux vaisseaux » :
- L'utérus est lié à l'avant au Ren Mai (vaisseau conception), qui distribue les énergies yin, et à l’arrière au Du Mai (vaisseau gouverneur), qui gouverne les énergies yang.
- Il est aussi en lien au centre avec le Chong Mai, « Vaisseau d’assaut » qui propulse l'énergie vers la gorge, en diffusant l‘énergie ancestrale et sexuelle.
- L’utérus est relié au rein par le méridien de l’utérus (Bao Luo) et au cœur par le vaisseau de l’utérus (Bao Mai). Son état énergétique dépend donc de la qualité de l’essence du rein et du sang du cœur.
- Le rein est aussi la source du feu (Feu de Ming Men) en relation avec le Qi originel (Yuan Qi). Le feu est donc primordial pour le fonctionnement de l’utérus : il équilibre les influences yin et rend la conception possible. S’il est trop faible, le froid dans l’utérus entraîne stérilité, dysménorrhées, perte de désir, endométriose et kystes. S’il est excessif, on risque fausses couches, saignements trop abondants ou stérilité.
L’utérus émotionnel
Cette double spécificité de stockage et d’évacuation de l’utérus lui permet à la fois de contenir (des mémoires émotionnelles comme le foie ou le rein) et de nettoyer (le « mauvais sang », mémoires, émotions négatives…).
L’utérus conserve ainsi l’empreinte des chocs émotionnels qui peuvent se traduire en pathologie. Tout ce qui est vécu affectivement, et plus particulièrement sexuellement, peut le perturber (stockage : fibrome, endométriose ou rejet : hémorragies). Nettoyer l’utérus de ses mémoires émotionnelles permet de récupérer beaucoup d’énergie.
D’un point de vue symbolique :
L’utérus est considéré comme une porte sacrée, une voie entre notre monde et le monde invisible, entre la vie et la mort. On l’emprunte pour la naissance, mais aussi pour l’initiation et le contact avec l’au-delà de notre réalité. Par l’utérus se crée aussi le lien avec les générations passées.
Dans le chamanisme, de nombreuses pratiques rituelles sont en relation avec l’utérus et les menstruations. (Offrande du sang, respiration dans l’organe, chants, danses, retraites en dehors de la communauté se sont mises en place suivant les cultures et les époques.)
Au-delà de l’utérus, le bassin est le creuset où se cultive l’énergie, (pelvis signifie d’ailleurs « chaudron »).
Le périnée garde l’entrée vers le vagin et l’utérus. Appelé « muscle des ancêtres » en chinois, c’est le lieu où se cristallise la mémoire de nos origines.
Dans notre culture occidentale, il existe de nombreux tabous autour de cette zone (« nerfs honteux », « veines et artères honteuses ») qui révèlent le poids symbolique de cette région, sa charge inconsciente. Zone concernée par la génitalité et la sexualité, elle fait l’objet de nombreux rituels et transmissions mère/fille dans les sociétés primitives, mais est tristement ignorée et exclue de tout geste éducatif dans notre culture.
Naître femme offre la chance d’expérimenter cette voie de passage, d’accueil et d’évacuation. Il est donc important d’apprendre, par la conscience et la sensualité, à créer une relation forte avec son périnée et son utérus.
L’utérus représente également la capacité à créer, à donner vie. Son mauvais fonctionnement traduit souvent une difficulté à donner naissance à sa propre créativité, donc à soi et à la vie qu’on désire.
Le qi gong de la femme pour prendre soin de son utérus
Voici quelques principes, non exhaustifs, que je développe dans mes cours de qi gong de la femme.
- Globalement, on cherchera à amener de la chaleur et du mouvement dans l'utérus, par des mobilisations douces du bassin et du ventre.
- Les automassages du ventre sont également recommandés pour venir activer la zone, ainsi que des mudrâs spécifiques.
- Attention toutefois, pendant les règles et la grossesse, on évite toute focalisation sur la zone !
- Il existe un lien très fort entre l'utérus et le cœur, que l'on peut soutenir par des mouvements doux de montée et descente, ainsi que par des méditations dédiées.
- On renforce également les reins, qui soutiennent les processus de transformation de l'utérus.
- Les pratiques de Qi Gong avec les jambes jointes et serrées renforcent le périnée et les méridiens yin des jambes (rate, foie, rein).
- Enfin, en vous reliant à l'énergie de la Lune, vous pourrez venir nourrir l'énergie de votre utérus en renouant avec votre rythme cyclique.