Qi Gong
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Guide complet du qi gong de la femme

Une femme au bord d'un lac pratiquant le qi gong de la femme
Écrit par
Maëlla Caro
Maëlla Caro
Publié le
August 4, 2025

Le qi gong est arrivé en Occident grâce à des maîtres exilés de la Chine populaire, qui étaient essentiellement des hommes, avec souvent une pratique martiale.

Il existe pourtant dans les traditions daoïstes des pratiques spécifiquement féminines, plus cachées et qui sont longtemps restées secrètes.

J'ai moi aussi pratiqué pendant longtemps des qi gong d'origine masculine, venus de la Chine populaire, et avec toujours cette intuition qu'il "me manquait quelque chose".

Un peu d’histoire

Dans la tra­di­tion taoïste, hommes et femmes pra­ti­quaient l’alchimie interne Nei­dan (內丹[術), depuis des mil­lé­naires, pour atteindre la réa­li­sa­tion spi­ri­tuelle (ou immor­ta­li­té). Ces tra­di­tions monas­tiques étaient basées sur la médi­ta­tion et le raf­fi­ne­ment des trois tré­sors (San Bao), pour atteindre le Dao.

Le folk­lore chi­nois contient de nom­breuses légendes de femmes pas­sées à la pos­té­ri­té pour avoir atteint la réa­li­sa­tion spi­ri­tuelle, et elles sont l’objet de cultes locaux encore aujourd’hui, comme Fun Yun­qiao (3ᵉ siècle), Wu Cai­huan (4ᵉ siècle), ou Cui Shaoxuan (12ᵉ siècle)…

Des réfé­rences à des spé­ci­fi­ci­tés sur l’alchimie fémi­nine Nüdan (女丹) se retrouvent déjà dans le Dao­zang Jiyao (Canon Daoïste 道藏輯要), dont la pre­mière édi­tion remonte au 5ᵉ siècle de notre ère.

L’une des plus célèbres immor­telles, Sun Buer, née au 12ᵉ siècle, appa­rait comme pré­cur­seur, mais les pra­tiques du Nüdan res­tent secrètes pen­dant des siècles, trans­mises uni­que­ment par voie orale. Elles se dévoilent ensuite dans les textes sur­tout à par­tir des dynas­ties Ming et Qing (1644-1912).

La légende de Sun Buer

L’immortelle Sun Buer naquit en 1119, sous le nom de Sun Fuchun, dans une famille aisée de propriétaires terriens et reçut une éducation littéraire. Elle vécut dans la ville de Shandong, épousa Ma Yu dont elle eut 3 fils.

À la suite de leur rencontre avec Wang Chongyang en 1167, fondateur du Quanzhen (Ecole taoïste de la complète réalité), son mari suivit ce maître et embrassa une vie spirituelle. La légende raconte que Sun Buer fut d’abord bien récalcitrante à cette idée, et refusa 10 fois de les suivre, avant de finalement les rejoindre 3 ans plus tard à Jingzhao (Xi’an, Shanxi). 

Elle divorça alors de son mari, et renonça à la vie laïque pour entrer dans cette communauté d’ermites pratiquant le Neidan, l’alchimie interne et la quête de l’immortalité. On y pratiquait en solitaire la méditation, la purification de la conscience et le raffinement des 3 trésors (San Bao). Elle y reçut alors son nom d’initiée : Sun Buer (Non duelle).

Différents textes racontent sa vie : écrits longtemps après sa mort, ils entremêlent faits historiques et légendes autour de ce personnage hors du commun. En effet, elle ne resta pas dans cette première communauté, mais décida de rejoindre un autre maître taoïste (l’immortelle Feng, une ermite taoïste). En réponse aux réserves prudentes de Wang Chongyang qui cherchait à l’en dissuader (cette belle femme serait surement attaquée en chemin…), elle se serait renversé de l’huile bouillante sur le visage, détruisant ainsi sa beauté, pour voyager tranquille… Elle parcourut 1000 lieues, affrontant froid et durs chemins, pour rejoindre Luoyang et la caverne de l’immortelle Feng. 

Suivit-elle ses enseignements ou bien vécut-elle simplement dans ce lieu ? Les légendes diffèrent à ce sujet. Elle y résida en tout cas jusqu’à sa mort, attira des disciples et une communauté de femmes s’installa peu à peu autour d’elle. 

Sa mort est aussi racontée par la légende : par une nuit de pleine lune, ayant annoncé à l’avance la date de son départ, elle conclut sa vie de mortelle assise en lotus en récitant un poème. Elle réalisa ainsi sa transformation spirituelle, atteignit l’éveil, et entra dans la légende des immortels. Elle fut reconnue comme faisant partie des 7 premiers disciples de Wang, devenus immortels. 

Une série de poèmes lui sont attribués et sont parvenus jusqu’à nous, compilés dans le Minghe Yuyin au 14ᵉ siècle. Ils nous parlent de la pratique spirituelle et sont imprégnés des principes du Neidan. Ils font référence à des pratiques spécifiques pour les femmes, mettent en lumière les pratiques communes de l’alchimie et parlent également des rythmes de la nature.

De nombreux autres textes, apparus plus tard aux 17ᵉ et 18ᵉ siècles, lui sont également attribués, cette fois-ci par transmission miraculeuse, et parlent d’alchimie féminine (Nüdan).

Elle est entrée dans le panthéon daoïste, devenant une déesse primordiale, objet de dévotion et symbole de la pratique alchimique au féminin.

Nüdan : l’alchimie interne au féminin

L'alchimie féminine a bien sûr de nom­breux aspects com­muns avec son pen­dant mas­cu­lin, mais elle a aus­si déve­lop­pé ses propres par­ti­cu­la­ri­tés. Dans les pra­tiques de Nei­dan mas­cu­lines, les trois étapes du raf­fi­ne­ment spi­ri­tuel sont la trans­for­ma­tion du Jing en Qi, du Qi en Shen puis du Shen en vacuité.

Dans le Nüdan, la pre­mière étape est dif­fé­rente, car il s’agit alors de trans­for­mer le sang Xue en Qi. Les autres étapes sont simi­laires. Le sang évo­qué ici fait réfé­rence au sang mens­truel, pre­mière cause de perte d’essence vitale chez les femmes (alors qu’il s’agit du sperme chez les hommes). La femme doit cher­cher alors à arrê­ter les mens­trua­tions (« Cou­per le dra­gon rouge » (斬赤龍 zhan chi­long).

Les pra­tiques prin­ci­pales sont des res­pi­ra­tions spé­ci­fiques, l’attention au Dantian médian (zone de Danz­hong entre les seins), et les auto-mas­sages des seins. L’équivalent chez les hommes étant la pra­tique de la réten­tion sémi­nale (la « maî­trise du tigre blanc »).

Du Nüdan au Qi Gong de la Femme

Au 17ᵉ et 18ᵉ siècles com­mencent à fleu­rir des livres sur le sujet. Ils sont de « conno­ta­tion divine », et se disent « trans­mis par des immor­telles », Sun Buer notam­ment, ce qui s’inscrit dans le contexte reli­gieux de l’époque. Tou­te­fois, Ils s’adressent à des femmes laïques, édu­quées, et à une pra­tique domes­tique et non plus seule­ment monastique.

Au 19ᵉ siècle, les textes de Nüdan s’enrichissent de code moral et d’instructions sur le com­por­te­ment des femmes, notam­ment la notion de chas­te­té, qui devient plus impor­tante à l’époque.

Au 20ᵉ siècle, les textes conti­nuent à être réédi­tés mais l’aspect trans­cen­dant en est gom­mé, ce qui s’explique par le contexte politique.

À par­tir des années 80, les textes sont reliés à un contexte scien­ti­fique et médi­cal, avec une orien­ta­tion sur la san­té des femmes et non plus leur déve­lop­pe­ment spirituel.

On est ain­si pas­sé du Nüdan au Qi Gong de la femme contemporain.

Nourrir sa vie au féminin

J'ai ensuite suivi les enseignements du Dr Liu Ya Fei, créatrice d'un qi gong de la femme spécifique, qui a commencé à me donner le goût d'une pratique différente, plus douce et respectueuse de nos rythmes.

Dans l’en­sei­gne­ment du qi gong, je ren­contre 90 % de femmes (et suis aus­si une femme !), c’est pour­quoi, face à leurs pro­blé­ma­tiques, j’ai vou­lu m’intéresser à ce sujet. Pour mieux com­prendre quelles éner­gies soutenaient leur fonc­tion­ne­ment et quelles en étaient les spé­ci­fi­ci­tés par rap­port au mas­cu­lin.

Je cherche et teste depuis 25 ans les pratiques les plus adaptées aux besoins des femmes. J'ai eu l'occasion aussi de les partager avec de nombreux groupes de femmes, lors de mes cours et de mes stages, et d'observer ce qui résonnait le mieux avec leurs besoins. 

Mon enseignement du Qi Gong de la Femme est basé sur ces recherches. Pour moi, ce n'est pas un enchaînement de Qi Gong unique qui peut répondre à toutes ! 

Je vous pro­pose donc un voyage à la décou­verte du fémi­nin, ses pay­sages et ses escales. Ceci afin d’étudier notre fonc­tion­ne­ment phy­sique et éner­gé­tique, mais aus­si sym­bo­lique et émo­tion­nel, puis d’envisager l’intérêt du qi gong, en tant que pra­tique de pré­ven­tion et d’accompagnement de nos rythmes féminins.

Les besoins des femmes

« Je voudrais que cela s’arrête… » « Je voudrais pouvoir me poser Mais c’est impossible, je n’ai pas le temps. »

Ce leitmotiv revient sans cesse dans la bouche des femmes que j’accompagne. Eh oui, notre besoin primordial de femme, au vu de notre énergie gouvernée par le yin, est d’avoir des moments de calme, de repos, là où ça s’arrête…

Mais, dans la triple journée quotidienne de la plupart des femmes d’aujourd’hui… Où trouver ce temps pour mettre du vide, de l’espace, de la quiétude… Pourtant indispensables à notre équilibre ?

Dans la musique, c’est le silence qui met en valeur les notes, n’est-ce pas ? Dans le cinéma, c’est l’ombre qui valorise la lumière… Eh bien, dans notre vie de femme, c’est le calme qui soutient notre énergie et nos mouvements.

Pour lâcher prise… trouver du soutien !

Lâcher prise est un mot à la mode…

Quand vous ancrez un bateau, vous lâchez l’ancre au fond de la mer, elle sombre lentement, et ensuite, elle s’accroche à la terre… ou pas ! Tout dépend du sol, de la qualité du sol qui va permettre cet ancrage sécurisant

Donc tout dépend, non pas de votre volonté à vous ancrer pour vous stabiliser, mais d’une base solide et un environnement bienveillant, pour pouvoir vous déposer en toute sécurité. Alors, revenir à la Terre, c’est avant tout trouver un soutien, une sécurité, pour pouvoir se déposer.

Trouver le centre

On façonne l’argile pour en faire des vases, mais c’est du vide interne que dépend leur usage._Lao Tseu

Tout comme le centre de la roue qui tourne reste immobile… Le centre, dans la vision chinoise, est associé à l’élément Terre. C’est la zone dans laquelle toutes les forces sont en équilibre, ce qui induit donc la stabilité. C’est aussi le moment où se font les transitions, comme un point d’inflexion, de suspension, avant que les mouvements ne changent de direction.

Spécificités de l'énergie au féminin

L’immuable loi cos­mique d’alternance guide tous les rythmes de l’univers. Fidèle à ce prin­cipe, l’espèce humaine s’incarne selon les deux pola­ri­tés, mas­cu­line ou fémi­nine, dont les rythmes sont différents. Le rythme hor­mo­nal de l’homme est linéaire, glo­ba­le­ment tout au long de la vie. Le rythme fémi­nin est, lui, basé sur un cercle : son rythme hor­mo­nal se modifie cycliquement durant une grande par­tie de sa vie.

Différences énergétiques féminin/masculin

Bien sûr, il y a tout d’abord la dif­fé­ren­cia­tion chro­mo­so­mique. Mais bien au-delà, c’est tout un rythme éner­gé­tique et sym­bo­lique qui va en décou­ler et une façon dif­fé­rente d’appréhender le monde. 

Yang émane du Ciel, son domaine est l’externe ; Yin pro­cède de la Terre, son domaine est l’interne._Su Wen

L’homme est associé au Yang, lié au Ciel et à l’air, et sa phy­sio­lo­gie est asso­ciée au Qi, souffle du Ciel. Il est donc carac­té­ri­sé par l’extériorisation et l’action. Il a le yang à l’extérieur et le yin à l’intérieur.

À l'inverse, la femme est carac­té­ri­sée par les aspects Yin, liés à la Terre et à la matière. Elle est donc inté­rio­ri­sa­tion et récep­ti­vi­té, sa phy­sio­lo­gie est liée au sang (liée à la Terre). On dit qu’elle a le yin à l’extérieur, mais le yang est bien sûr aussi présent, caché à l’intérieur.

Trigrammes Kan et Li
Trigrammes de l'Eau et du Feu

Ceci est repré­sen­té dans le tri­gramme qui repré­sente le fémi­nin : Kan (坎 l’Eau), sym­bo­li­sé par un trait yang entou­ré de deux traits yin. Il repré­sente aus­si la lune, le rouge et le sang.

La lune était tra­di­tion­nel­le­ment le sym­bole du Yin suprême. Et les pra­tiques d’alchimie interne au fémi­nin étaient nommées « raf­fi­ner la forme à tra­vers le suprême yin » (太陰煉形 taiyin lian­xing ) et asso­ciées à la lune, dont le cycle résonne avec les menstruations.

L’homme est fon­da­men­ta­le­ment en mou­ve­ment, et le mou­ve­ment faci­lite la perte de Qi, la femme est fon­da­men­ta­le­ment calme et le calme favo­rise l’ac­cu­mu­la­tion du Qi. L’homme est asso­cié au tri­gramme Li (le feu), et comme le soleil, il peut faire son cir­cuit céleste en un an. La femme est asso­ciée au tri­gramme Kan (l’eau), et comme la lune, elle peut com­plé­ter le cir­cuit céleste en un mois.

Extrait du Nüdan hebian (女丹合編, com­pi­la­tion de textes sur le Nüdan), publié par He Longxiang en 1906.

Yin-yang dans le corps féminin

Souvenons-nous tout d'abord des grandes caractéristiques du Yin et du Yang :

  • Le yin est lourd, dense et statique.
  • Le yang est léger, fin et mobile.

Si l'on considère les grandes lignes du corps féminin, la partie Yin est en bas : ventre, bassin et jambes, alors que le haut est plus fin et léger, donc Yang. Ce qui est en harmonie directe avec le Ciel (Yang) en haut et la Terre (Yin) en bas.

À contrario chez les hommes : le haut du corps est dense et large (Yin) tandis que le bassin et les jambes sont plus fins (Yang).

Dans la culture daoïste, les hommes doivent donc "inverser le Yin et le Yang" dans leur corps afin de s'harmoniser avec le Dao. Alors que cela est déjà naturellement en place chez les femmes.

Le mouvement énergétique chez l’homme et la femme

La fon­da­tion de l’homme est convexe, celle de la femme est concave et son organe concave est appe­lé le palais de l’en­fant (zigong)._Nüdan hebian

Ainsi, le mou­ve­ment éner­gé­tique est de nature cen­tri­fuge chez l’homme, du centre vers l’ex­té­rieur, alors qu’il est cen­tri­pète chez la femme. La nature fémi­nine est récep­trice par essence, et son éner­gie va donc natu­rel­le­ment de l’ex­té­rieur vers le centre. Cette force d’at­trac­tion per­met aux femmes un plus haut degré de sen­si­bi­li­té à ce qui les entoure et d’in­tui­tion. Elles sont plus faci­le­ment capables d’ab­sor­ber le Qi et les infor­ma­tions qu’il véhicule.

Elles se rechargent ainsi très facilement au contact des "bonnes ondes" de la nature… Mais se laissent aussi polluer facilement par les mauvaises !

Le mouvement du Qi dans leur corps est plus lent et doux, alors qu'il est plus rapide chez les hommes, gouvernés par le Yang.

Le rythme de la pratique féminine doit donc être plus doux et avec une attention moins focalisée, puisque leur Qi se concentre déjà naturellement.

Comment les femmes perdent-elles leur énergie ?

Notre essence vitale, Jing, est à la base de notre consti­tu­tion. C’est en quelque sorte notre « car­bu­rant » qui va nous per­mettre de géné­rer de l’éner­gie et d'ancrer notre conscience. Les pra­tiques daoïstes cherchent donc avant tout à pré­ser­ver et ren­for­cer le Jing. Celui-ci, hérité en partie de nos parents et reconstitué au jour le jour par notre nourriture et notre hygiène de vie, est notre trésor le plus précieux. 

Les grandes transformations du corps : la croissance, la grossesse, les règles, la ménopause sont intimement liées à notre Jing. Chez les femmes, le Jing est associé au sang, et on doit donc prendre le plus grand soin de notre sang, dans sa qualité et sa libre circulation.

Les hommes vont perdre leur "Jing" via le bas (Dan tian inférieur), lié aux besoins de base et à la sexualité.

Pour les femmes, c'est plus compliqué !

Les femmes sont gouvernées par leurs émotions et les excès de celles-ci les laissent souvent épuisées. Les émotions sont reliées au cœur et au sang, qui gouvernent le système féminin. Elles vont donc perdre leur énergie essentiellement par le haut (Dan tian médian) relié aux émotions. 

Nous avons vu aussi l'importance du sang dont les pertes (menstruelles et accouchement) les fragilisent.

Enfin, par leur nature Yin et centripète, les femmes sont plus sujettes aux stagnations de Qi et de sang, notamment dans la partie basse du corps, la plus Yin. Relancer la circulation dans cette zone est extrêmement important.

Comment les femmes récupèrent-elles leur énergie ?

Portrait d'une jeune femme avec les yeux fermés
Un temps pour soi : le besoin principal des femmes

Notre vie de femme est bien souvent stressante, remplie d’obligations, avec beaucoup de « dossiers » dans la tête… Travail, famille, enfants, conjoint…

Nous surinvestissons notre rôle nourricier, tourné vers les autres, souvent au détriment de notre nourriture intérieure.

Aujourd’hui, les femmes ont beaucoup de « devoirs » et d’obligations, hérités de notre culture judéo-chrétienne, et renforcés par les médias féminins et la pression sociale.

Et cette wonderwoman : super maman, super amante, business woman super galbée et super épilée est bien sûr un objectif inatteignable. Et nous voilà effondrées de ne pas y arriver, épuisées de ce mirage

Et vous, qu’est-ce qui vous nourrit ? Vous reste-t-il un peu d’espace et de temps pour vous  ?

Cette vision délétère, que nous entretenons inconsciemment, va à l’encontre de la nature féminine.

Le féminin est intrinsèquement lié à la notion d’accueil, de réceptivité. Mais il nous manque souvent la capacité à ne pas être submergées, envahies par l’extérieur. En quelque sorte : où trouver le mode d’emploi de fermeture des portes ?

Le mouvement global de l’énergie féminine est un mouvement centripète, tourné vers l’intérieur. Et les femmes ont donc un grand besoin d’intériorisation pour pouvoir se régénérer. La femme représente un espace intérieur, qui nécessite d’être vide pour pouvoir accueillir

J’accueille en cabinet beaucoup de femmes épuisées, vidées d’être trop remplies !

En bref, on ne nous a rarement donné la notice d’utilisation de notre corps ! Imaginez-vous avec une voiture, mais pas de notice d’entretien ?

C’est à ces questions que le Yang Sheng de la Femme cherche à répondre…

Les principes du qi gong au féminin

Pour soutenir l'énergie féminine, le qi gong doit prendre en compte les spécificités cycliques des femmes et s'adapter à leurs besoins particuliers, notamment en fonction de leur cycle menstruel.

Ainsi, on privilégiera les pratiques douces, lentes ou uniquement des postures statiques pendant la période menstruelle, pour reprendre des mouvements plus dynamiques avec la croissance du nouveau cycle.

J'ai à cœur de partager avec vous des outils simples et efficaces pour comprendre vos besoins spécifiques et prendre soin de vous au quotidien. Loin d'être un système fermé, le qi gong de la femme est pour moi un moyen de remettre de l'espace dans nos vies de femmes débordées, pour acquérir autonomie, puissance et liberté !

Les objectifs

On voit donc ainsi se dessiner les grands principes de la pratique du qi gong au féminin :

Renforcer le Dan tian médian et ouvrir la cage thoracique

Vous êtes sujette à des pertes de vitalité importantes dues à un déséquilibre émotionnel ? Vous avez tendance à la tristesse et à la déprime saisonnière ? Alors les mobilisations et les ouvertures de la cage thoracique sont très importantes : y mettre de l’espace, libérer le souffle, être douce et attentive pour tonifier cette zone.

Masser régulièrement les seins et le point Dan Zhong (sur le sternum, entre les seins) pourra également vous aider.

Régulation émotionnelle

Apprendre à mieux gérer et réguler nos émotions est un challenge pour les femmes, ce qui ne veut pas dire devenir insensible ! La méditation, la posture statique, les marches et le qi gong des sons pourront vous aider.

Mobiliser le bas du corps

Cette zone est sujette à la stagnation et on cherchera donc des pratiques qui activent la circulation du Qi, du sang et de la lymphe dans la zone des jambes, du bassin et du ventre.

Nourrir le Jing et le Sang

On utilise la stimulation des méridiens extraordinaires (Ren Mai,Yin Wei Mai,  Chong Mai et Dai mai) et des points spécifiques.

Les mouvements qui stimulent le Chong Mai (canal central) permettent de renforcer le sang. Le Xi Shui Jing (pratique pour nourrir les moelles) ou la "danse du dragon" jouent également ce rôle, que peut venir compléter la diététique chinoise.

Cultiver le Yin 

Eh oui, ne rien faire ! Juste trouver des moments pour s’abandonner complètement, s’allonger, se déposer sur la terre et se laisser aller complètement, ce qui permet une profonde régénération. Relaxation, lenteur, méditation, mais aussi tonification du vaisseau conception Ren Mai, grand réservoir du yin.

Les méridiens importants dans le qi gong de la femme

Dessin de femme enceinte
Dessin antique extrait d'un manuel de médecine chinoise

Les méridiens les plus importants pour les femmes sont ceux qui vont avoir une action importante sur le Dan tian médian et ceux qui renforcent le sang.

  • Ren Mai, le vaisseau conception, qui court sur la ligne médiane du tronc, du périnée jusque sous les lèvres. Il a un impact très important sur la zone de la  poitrine et du plexus cardiaque. Ce "merveilleux vaisseau" est également un réservoir de yin et est très impliqué dans le cycle féminin et la grossesse, pendant laquelle il se colore d'ailleurs en brun sur le ventre, du fait de son activité accrue.
  • Le méridien du Maître du Cœur a un rôle calmant et rafraîchissant. Il impacte lui aussi la zone de la poitrine et est relié au Dan Zhong (point au centre de la poitrine). Il joue également un rôle majeur dans la régulation et la circulation du sang et pour pacifier les émotions.
  • Chong Mai, le canal central, traverse le tronc en son centre, du périnée jusqu'au sommet du crâne, irrigue l'utérus et les trois Dan tian. Il joue un rôle très important pour nourrir le sang.
  • Dai mai, véritable ceinture horizontale, soutient l'abdomen, régule la sphère digestive et renforce les reins. Il est très important chez les femmes, notamment pendant la grossesse et la période de la ménopause.

Ma vision du Qi Gong de la Femme

Au fur et à mesure de ces 25 années de pratique personnelle, d'enseignement et d’accompagnement en cabinet, j'ai affiné ma vision du qi gong de la femme et cherché les meilleurs outils pour cultiver notre énergie au féminin. Je les partage aujourd’hui avec des femmes de tout âge dans des cours en ligne, en présentiel ou en stages. Un bon moyen d’accompagner les grandes transitions de la vie des femmes, comme la ménopause ou la maternité, la régulation du cycle et du syndrome prémenstruel, et surtout de partager la joie d’être femme !

Aux origines du qi gong de la femme

Le qi gong de la Femme prend ses racines dans les pratiques méditatives et monastiques de l'Antiquité, où était pratiquée l'alchimie interne Nudan (ou transformation spirituelle). Mais aussi dans les connaissances ancestrales de la médecine chinoise où de nombreux textes étaient consacrés aux "maladies de la femme", à l'accompagnement de la grossesse, de l'accouchement, de la fertilité…

Les femmes et la lune

La Lune est notre alliée et la grande régulatrice de nos cycles. D'ailleurs, quand une femme ne va pas bien, ne dit-on pas qu'elle est "mal lunée" ? 

"Les lunes" est un nom ancien pour désigner les règles, dont le rythme se cale sur celui de l’astre nocturne. Mais au-delà de cet aspect menstruel, se connecter à la puissance et au symbolisme lunaire permet à la femme de se reconnecter à sa nature profonde.

Nourrir l'utérus

Notre utérus est un creuset alchimique de transformation. Au-delà de la possibilité de concevoir, l'utérus symbolise notre puissance créatrice au cœur du Yin. L’utérus est consi­dé­ré comme une porte sacrée, une voie entre notre monde et le monde invi­sible, entre la vie et la mort. On peut l’emprunter pour la nais­sance, mais aus­si pour l’initiation et le contact avec l’au-delà de notre réa­li­té. 

Le qi gong de la femme et la ménopause

La ménopause est une période de transition et, en Occident, on se concentre souvent sur ses symptômes désagréables. En revanche, la vision orientale, notamment chinoise, voit la ménopause comme un "second printemps", une transformation vers plus de sagesse et de détachement.

D'un point de vue de la médecine chinoise, la ménopause entraîne un déséquilibre entre le yin et le yang. Cela se traduit par des symptômes comme les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes et l'insomnie. Ces symptômes sont exacerbés par des facteurs émotionnels et le stress, qui causent une stagnation du Qi (énergie vitale).

Des pratiques comme le qi gong de la femme et une hygiène de vie et diététique adaptées permettent de vivre positivement cette période de transition vers plus de sagesse et de sérénité.

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